Appel n Kofi Annan a lancé un appel urgent aux gouvernements pour qu'ils «recherchent les moyens d??uvrer ensemble à une gestion plus efficace du drame des migrants qui tentent de gagner l'Espagne par le Maroc». «Le secrétaire général (Kofi Annan) est profondément préoccupé par la situation des migrants qui tentent de se rendre en Espagne par le Maroc, en empruntant les enclaves de Ceuta et Melilla», a déclaré son porte-parole dans un communiqué. «Tout en reconnaissant la nécessité légitime pour les gouvernements concernés de veiller au respect des lois et des obligations relatives à l'immigration, il leur rappelle qu'ils doivent le faire en toute humanité», ajoute le texte. M. Annan est «convaincu que ces événements regrettables dans cette région du monde mettent le doigt sur le problème plus vaste de la solution à apporter aux flux inévitables et nécessaires des personnes à travers les frontières. La détermination des immigrants clandestins subsahariens à rejoindre coûte que coûte les enclaves espagnoles du nord du Maroc s'explique par la crainte de voir les deux pays réussir à leur barrer définitivement la route de l'eldorado européen. Bravant chaque jour les risques, des milliers de ces Africains tentent de s?infiltrer dans Melilla, une des deux enclaves espagnoles au Maroc avec Ceuta. Ces immigrants ont multiplié depuis fin septembre les passages massifs et en force de la frontière maroco-espagnole. Une source au ministère espagnol de l?Intérieur a déclaré que «les immigrants sont très agités car ils craignent vivement que les Espagnols renforcent leurs moyens de les empêcher de gagner l'Europe». Les autorités ibériques ont ainsi anticipé de quelques semaines les derniers travaux d'élévation de la double barrière métallique ceinturant l'enclave espagnole de Ceuta. En revanche, pour Khalid Jemmah, président de l'Association des familles et des amis de l'immigration clandestine (AFVIC), «les rafles» menées par les forces marocaines contre les ressortissants d'Afrique subsaharienne sont la première cause de ces passages en force. «Face aux arrestations croissantes, les clandestins avaient deux possibilités : soit tenter de passer coûte que coûte en Espagne, soit être expulsés du Maroc. Ils ont choisi de foncer», explique-t-il. «En parlant avec les clandestins, on sent qu'ils en ont tellement ras-le-bol qu'ils sont prêts à tout pour passer en Europe», ajoute M. Jemmah qui cite la déprime, l'arrivée de l'hiver ? difficilement supportable pour ces illégaux qui campent dans des forêts ? au nombre des raisons qui les poussent aussi à fuir le Maroc au plus vite. Le Maroc a fait échouer en trois ans plus de 25 000 tentatives d'immigration clandestine, dont la grande majorité émigrants subsahariens, selon un haut responsable du ministère de l'Intérieur. Pour Khalil Hachimi Idrissi, directeur du quotidien Aujourd'hui le Maroc (indépendant), «le fait que l'Espagne ait décidé de faire passer les grilles frontalières de trois à six mètres pousse les immigrants à tenter leur chance aujourd'hui et pas demain».