InfoSoir : On tire la sonnette d'alarme ? K. Djemouai : Non, on n'essaye pas d'être trop alarmiste, mais on doit dès maintenant suivre les processus des changements climatiques en Algérie. Etat et citoyens. Qu'a fait l'Etat dans ce cadre ? Beaucoup d'efforts ont été faits par l'Etat afin de réduire les gaz à effet de serre. Quoi de concret ? Les gaz torchés ont été réduits à 91% par le secteur de l'énergie. L'énergie renouvelable, la reforestation d'espaces par des arbres qui constituent des puits de gaz à effets de serre (GES) (absorbent le CO2). Nous avons tenu nos engagements en réalisant également notre première communication (conférence) nationale en 2001 à Marrakech ( Maroc). Cette communication a fait ressortir un potentiel d'environ 100 millions de tonnes de CO2/an en Algérie par rapport à un inventaire de GEF réalisé en 98. Et la seconde communication nationale ? La prochaine communication nationale se tiendra avant 2006 après le financement du Fonds pour l'environnement mondial. Elle sera en coordination avec le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Le but sera de relever la situation réelle, un bilan des GES et la préparation pour la participation à la 11e conférence des parties au protocole de Kyoto à Montréal (Canada) du 28 novembre au 9 décembre 2005. L'Algérie fait partie des pays non annexe 1 (les moins producteurs de GES). Quel sera le rôle de l'Algérie ? Les pays industrialisés sont qualifiés de pays annexe 1, car ils sont les plus grands émetteurs de GES. Pour l'Algérie étant «non annexe 1» faisant partie du protocole de Kyoto, elle est directement impliquée dans le processus de réduction de ces gaz. Il y a beaucoup d'aspects à défendre et à négocier à ce niveau. Beaucoup d'enjeux à comprendre. Je recommande la participation d'une forte délégation bien préparée pour défendre la position de l'Algérie. Et pour le marché du carbone, l'Algérie a-t-elle fixé ses prix ? C'est le marché qui fixe les prix. Notre pays a été sollicité pour l'achat du carbone par plusieurs pays étrangers. Pour ce faire, un bon dispositif de mécanismes de développement propre (MDP) devrait être bien acheminé et faire profiter de ce processus au maximum le pays, car ce dispositif est mis en place (le marché) pour une période allant de 2008 à 2012 seulement. Des explications SVP ! Certains pays ne peuvent pas réduire leurs GES. Ils achètent donc des réductions d'émission d'ailleurs, cet enjeu économique est de taille pour l'Algérie. On peut faire profiter nos entreprises publiques et privées de ce marché d'une part et on aurait accompli nos engagements vis-à-vis de la convention et du protocole de Kyoto, d'autre part. Mais ce qui urge aujourd'hui, c'est la mise en place de ce dispositif correctement et faire un grand travail avec nos entreprises qui veulent être impliquées dans ce marché. (*) Directeur de la coopération internationale au ministère de l'Environnement, point focal national de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.