L'Afrique est le premier continent affecté par les changements climatiques. Elle subit de plein fouet ses répercussions tant au plan économique qu'environnemental. Pourtant, c'est le continent qui pollue le moins avec seulement " 3% " au niveau mondial. La conférence africaine des ministres de l'Environnement, prévue demain à Alger, sera à coup sûr une tribune pour ces pays afin de rappeler à la face du monde son besoin de se prémunir des dégâts du changement climatique. Le ministre algérien de l'Environnement et du Tourisme, Cherif Rahmani, a affirmé à ce propos que les dangers qui guettent le continent noir sont une réelle menace "sur la santé, l'agriculture et l'industrie de l'Afrique". L'Afrique reste ainsi vulnérable et une prise de conscience est déjà constatée mais qui n'est pas suivie d'actions concrètes. La faute incombe en premier aux pays développés. "La clé de diminuer les changements climatiques n'est pas entre les mains des Africains. Elle est détenue par les pays pollueurs" a souligné Cherif Rahmani, invité, hier, de la Chaîne III de la Radio nationale. Le problème a-t-il expliqué, se pose "en termes de survie et d'existence". Le ministre tire la sonnette d'alarme si rien n'est fait durant les prochaines années. Les données qu'il a fournies, notamment pour l'Algérie, reflète en effet l'urgence de la situation. "Une simulation sur les effets du climat à l'horizon 2050 font ressortir une perte de 15 à20 % en matière de ressources en eau ce qui n'est pas sans conséquences sur les secteurs de l'agriculture et de l'industrie" a précisé Cherif Rahmani. Le gouvernement, poursuit-il, a déjà pris des mesures dans l'espoir de réduire les conséquences. Il s'agit de l'élaboration d'un "plan climat reposant sur un système qui remplacera le processus de production de Carbone par celui moins polluant et tous les ministères sont concernés" a-t-il précisé. Cherif Rahmani a évoqué également la barrière steppique qui était à 300 km d'Alger mais qui ne sera que de 10 km "car elle commencera de la wilaya de Médéa". En fait, c'est "l'ensemble du Maghreb qui sera affecté".Il faut donc, préconise le ministre, "adapter nos comportements pour y faire face". En Algérie, le processus "pollueur payeur est déjà mis en branle". En témoigne ces usines qui ont été "fermées". Mais le plus grand défi à relever est d'arriver à substituer les énergies fossiles par celles "renouvelables". Pour ce faire, le ministre de l'Environnement a souligné qu'il faut faire de l'énergie solaire et éolienne "une priorité" et pourquoi pas suivre l'exemple de l'Union européenne qui prévoit son utilisation à hauteur de "20 % d'ici 2025". Au plan africain, l'objectif à atteindre est d'arriver à "un consensus sur le climat en introduisant les Etats-Unis ". Ce pays reste l'un des plus grands pollueurs mais le plus grave est que des pays émergents suivent la même voie. D'où cette question : à quoi sert réellement le protocole de Kyoto ? Cherif Rahmani a précisé à ce propos que ce protocole n'intègre pas d'obligation ni de pénalités pour atteindre l'objectif de réduire les émissions à effet de serre de 5% pour 2012.