Engagement n Le président syrien Bachar al-Assad s'est dit déterminé à punir sévèrement comme «traître» tout Syrien qui serait impliqué dans l?assassinat de Hariri. Dans une interview à la chaîne américaine CNN réalisée mercredi peu avant l'annonce officielle par Damas du «suicide» du ministre syrien de l'Intérieur, M. Assad avait de nouveau rejeté tout rôle de son pays dans l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais, alors que la Syrie exerçait encore une influence sans partage au Liban. Interrogé à Damas par la journaliste de la CNN si un ressortissant syrien y aurait pu jouer un rôle sans sa connaissance, il a répondu : «Je ne pense pas. Si cela s'est passé, alors ce serait une trahison.» «Si vraiment des Syriens sont impliqués, ils seront considérés comme des traîtres et sévèrement punis», a-t-il insisté. «Ils seront punis devant une cour internationale ou en Syrie, peu importe», a-t-il répondu en anglais. M. Assad a aussi rejeté avec véhémence qu'il ait lui-même joué un rôle dans cet assassinat. «C'est contre nos principes, contre mes principes. Je ne ferai jamais de ma vie une chose pareille. Qu'allons-nous en recueillir ? Nous ne le ferons jamais, cela est contre nos intérêts et contre mes principes. Je ne le ferai jamais, c'est impossible», a souligné le président syrien. Le suicide du ministre syrien de l'Intérieur Ghazi Kanaan, ancien homme fort de la Syrie au Liban, suscite des interrogations à Damas sur son rôle dans l'assassinat de Rafic Hariri en février à Beyrouth. «Tout le monde est sous le choc. Personne ne s'attendait au suicide de Ghazi Kanaan, qui était le plus important officier de la sécurité dans le monde arabe depuis la seconde moitié du XXe siècle», affirme un analyste. Une partie de la presse libanaise, le quotidien progouvernemental Al-Mostaqbal en tête, met ce jeudi en doute la version officielle syrienne à propos du décès du ministre syrien de l'Intérieur, qui a longtemps été l'homme fort de la Syrie au Liban. «Ghazi Kanaan s'est-il suicidé ou a-t-il été égorgé ?», écrit en titre Al-Mostaqbal, en se livrant à un jeu de mots, les termes «suicide» et «égorgement» étant proches en arabe. Le journal souligne que la mort de Kanaan intervient à quelques jours de la publication des conclusions de la commission d'enquête internationale sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, prévue avant la fin octobre. Propriété de la famille Hariri, Al-Mostaqbal se demande si Kanaan, «qui connaissait beaucoup de secrets, n'a pas révélé ou ne s'apprêtait pas à révéler la vérité sur l'assassinat». «Son suicide pourrait être un meurtre prémédité.»