Cela va amener à une pression toujours accrue des princes sur les seigneurs qui débouche sur des accords féodaux avec le développement des fiefs de reprise. Le dernier mouvement montre que cette nouvelle configuration politique est représentée par la mise en place de liens féodaux hiérarchisés et légitimés par le développement du droit féodal et coutumier. Cette évolution veut montrer qu'au cours du XIIe siècle, les liens féodaux ont tendance à être de plus en plus territoriaux mettant l'accent sur le fief plus que sur l'hommage. Partout, on assiste à une concentration du pouvoir politique régionale dans les mains du prince. Ainsi, on commence à dire que certains châteaux de seigneurs sont «jurables et rendables» : le prince a le droit d'y résider en écartant le vassal. Les princes prennent sous leur protection les marchands lors des foires. Si l'ensemble de l'espace français apparaît comme une mosaïque de principautés, deux s'en dégagent : celle des Plantagenêts et la principauté royale ; l'une par sa quantité, l'autre par sa qualité. Entre France et Angleterre, l'essor des Plantagenêts Les prémisses de cet essor commencent en Normandie au XIe. En 1066, le duc de Normandie Guillaume, débarque en Angleterre, gagne la bataille de Hastings et s'empare du royaume tout en demeurant duc de Normandie, donc vassal du roi de France. Ce nouveau pouvoir royal anglais dégage très vite des caractéristiques bien marquées : il instaure un pouvoir royal fort s'appuyant sur un entourage de chevaliers normands. Il trouve ses bases sur le contrôle d'un large domaine royal (1/5 du royaume) et de liens féodaux hiérarchisés : tous les seigneurs anglais doivent hommage pour leur fief. Le domesday book montre le début d'une administration centrale (l'échiquier) et territoriale par le moyen des shérifs. Fin XIe, le roi d'Angleterre est plus puissant que le roi de France. Au XIIe siècle va s'ajouter un renforcement du pouvoir français. Après quelques flottements de la dynastie de Guillaume, en 1106, son petit-fils, Henri I, réunifie la Normandie et l?Angleterre. A sa mort en 1135, on voit apparaître un nouvel élément qui renforcera la présence des rois anglais sur la Francie Occidentale. Henri I n'ayant pas de fils, c'est un cousin, Etienne, qui est choisi comme successeur. Sa fille Mathilde se marie au comte d'Anjou Geoffroi. Mais voici que le roi de France, Louis VII, va répudier son épouse Aliénor, héritière de l'Aquitaine. Henri, fils de Geoffroi, va épouser Aliénor et, en 1152, Etienne, roi d'Angleterre, meurt et lègue le royaume à Henri. L'ensemble territorial alors dominé par la couronne britannique est composé de l'Angleterre, de l'Anjou, de l'Aquitaine, de la Bretagne et de la Normandie ! La puissance acquise est telle que certains historiens parlent d'«empire angevin». Mais malgré cette quantité de terre, les Plantagenêts ne créent pas cet empire : l'histoire politique des deux parties des terres est très différente ; la domination complète du territoire anglais ne se mettra pas en place sur la façade occidentale. (à suivre...)