Choc n Il sera, mercredi, le premier dirigeant déchu du monde arabe à être jugé dans son pays. Après sa capture peu glorieuse dont les images humiliantes ont fait le tour du monde, Saddam Hussein sera ainsi le premier chef d'Etat arabe à être jugé dans son propre pays au lieu d'être poussé à l'exil ou sommairement exécuté. Dans le monde arabe, les avis divergent entre ceux qui qualifient son procès de mascarade et ceux qui le considèrent comme valeur d?exemple pour les autres dirigeants arabes. En dépit de la proximité de ce procès historique, les commentaires des cercles officiels, des faiseurs d'opinions ou de l'homme de la rue sont peu nombreux et très réservés. Les dirigeants, considérés pour certains comme des autocrates, n'ont fait aucune déclaration sur la mise en jugement de leur pair destitué, qu'ils aient eu, ou non, des divergences avec lui. «Cela aura valeur d'exemple. La déchéance de Saddam a déjà donné à réfléchir à d'autres dirigeants arabes», selon Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes à Paris. De l?avis de nombreux observateurs, les images télévisées de Saddam Hussein après sa capture, en 2003, par l'armée américaine ont créé un choc, laissant un goût amer dans le monde arabe, en particulier celles le montrant hagard et hirsute. Pour Hala Mustapha, directrice de la revue égyptienne Al-Dimuqrassiya (Démocratie), cette humiliation a été dépassée et l'opinion publique va pouvoir découvrir l'ampleur des fautes de Saddam. «Ce procès va inciter à plus d'esprit critique, à plus d?exigence à l'égard des puissants», a-t-elle dit. D'autres commentateurs ne pensent pas que ce procès servira à tirer les leçons du pouvoir baassiste, en raison du contexte de l'occupation américaine. «C'est une mascarade. Il ne s'agit que d'une justice de vainqueurs sous tutelle américaine», affirme la réalisatrice égyptienne Asma al-Bakri, résumant une opinion très répandue dans les pays arabes. Cette lecture est, d?ailleurs, partagée par de nombreux hommes politiques arabes qui considèrent que le procès de Saddam est illégitime, car il se déroule sous occupation américaine. Contrairement à cette approche, Hussein Abdel Razek, secrétaire général du parti marxiste Tagammou, estime que Saddam doit répondre pour ses crimes contre le peuple irakien, tout en s'interrogeant sur la légitimité du nouveau régime et le caractère équitable du procès.