Résumé de la 21e partie n Partageant les peines de c?ur de son fils, le roi fit construire un palais au milieu de la mer et s?y isola avec lui. Et voilà pour ce qui est de Kamaralzamân et de son père, le roi Schahramân. Quant à la princesse Boudour, voici ! Lorsque les deux éfrits l?eurent déposée dans son lit, au palais de son père le roi Ghaïour, la nuit était presque écoulée. Aussi, trois heures après, apparut l?aurore et Boudour se réveilla. Elle souriait encore à son bien-aimé et s?étirait de plaisir dans ce moment délicieux du demi-réveil aux côtés de Kamarlzamân qu?elle croyait près d?elle. Et comme elle tendait les bras vaguement, avant d?ouvrir les yeux, pour lui en entourer le cou, elle n?attrapa que le vide. Alors elle se réveilla tout à fait et ne vit plus le bel adolescent. Aussi son c?ur trembla et sa raison faillit s?envoler et elle poussa un grand cri, qui fit accourir les deux femmes préposées à sa garde, et parmi elles sa nourrice. Elles entourèrent le lit, anxieuses, et la nourrice lui demanda d?un ton effrayé : «Qu?y a-t-il donc, ô ma maîtresse ?» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Le soir, elle dit : «Qu?y a t-il donc, ô ma maîtresse ?» Boudour s?écria : «Tu me le demandes, comme si tu ne le savais pas, ô pleine d?astuce ! Dis-moi vite ce qu?est devenu le jeune homme !» La nourrice, scandalisée à l'extrême limite, tendit le cou pour mieux comprendre et dit : «O princesse, qu'Allah te préserve de toutes choses inconvenantes ! Ce ne sont pas là des paroles dont tu sois coutumière ! De grâce, explique-toi davantage, et si c'est un jeu que tu fais pour plaisanter, hâte-toi de nous le dire !» Boudour se dressa à moitié sur le lit et, menaçante, lui cria : « Nourrice de malheur, je t'ordonne de me dire tout de suite où est le bel adolescent !» A ces paroles, la nourrice vit le monde entier se rétrécir devant ses yeux ; elle se donna de grands coups sur la figure et se jeta à terre ainsi que les dix autres vieilles ; et toutes se mirent notoirement à crier : «Quelle matinée noire ! ô la chose énorme ! ô notre perte ! Ô goudron !» Mais la nourrice tout de même, en se lamentant, demanda : «Ya Sett Boudour, par Allah, reviens à la raison, et cesse ce discours si peu digne de ta noblesse !» Mais Boudour lui cria : «Veux-tu te taire, maudite vieille, et me dire enfin ce que vous toutes avez fait de mon Kamarlzamân?» Lorsque la nourrice et les dix autres femmes eurent entendu ces paroles, elles levèrent les bras au ciel et s'écrièrent : «Ô confusion ! ô notre maîtresse, préservée sois-tu de la folie et des embûches malignes et du mauvais ?il ! Tu dépasses vraiment les limites de la plaisanterie, ce matin !» Et la nourrice, en se frappant la poitrine, dit : «Ô ma maîtresse Boudour, quel discours ! Par Allah sur toi ! Si ces propos parvenaient aux oreilles du roi, il ferait sortir nos âmes à l'heure même ! Et aucune puissance ne saurait nous sauvegarder de son courroux !» Mais Sett Boudour, les lèvres frémissantes, s'écria : «Encore une fois, je te demande si, oui ou non, tu veux me dire où se trouve Kamarlzamân ?» Et Boudour voulut faire le geste d'entrouvrir sa chemise. A cette vue, toutes les femmes se jetèrent le visage contre terre et s'écrièrent : «Quel dommage pour sa jeunesse qu'elle soit devenue folle !» Or ces paroles mirent la princesse Boudour dans une colère telle qu'elle décrocha du mur une épée et se précipita sur les femmes pour les transpercer. Alors, affolées, elles se précipitèrent dehors en se bousculant et en hurlant, et arrivèrent, pêle-mêle et le visage défait, dans l'appartement du roi. (à suivre...)