«Je veux faire passer l'idée que la violence est une chose mauvaise, mais une part très réelle et inévitable de l'existence humaine»: c'est le message du cinéaste canadien David Cronenberg dans son dernier film, A History of Violence, qui sort sur les écrans (français) après avoir été présenté en compétition au dernier Festival de Cannes. Plus classique et conventionnel en apparence que ses autres films (La mouche, Faux-semblants, Crash, eXistenZ, Spider), A History of Violence est un film à suspense. Dans une petite ville de l'Indiana, Tom Stall (Viggo Mortensen) mène une vie tranquille, amoureux de sa femme (Maria Bello) et heureux père de deux adolescents. Il tient un petit restaurant et, calme et adepte du dialogue et de la non-violence, est unanimement apprécié de ses concitoyens. Mais un jour, deux truands de passage venus commettre un hold-up menacent ses clients. Avec une habileté et une rapidité étonnantes, Tom parvient à abattre les deux hommes et devient le héros local. Après cet événement, sa vie change du jour au lendemain, et cela ne lui plaît pas. L'image paisible qu'il donnait est écornée, et il se fait mal à cette célébrité de justicier. Au-delà d'un thriller brillamment réalisé, A History of Violence est une réflexion «sur la nature de la violence et l'impact qu'elle a sur la société, et la famille, et l'être humain, et le corps humain également», souligne Cronenberg. Le réalisateur canadien n'a pas voulu rendre la violence séduisante et en faire un spectacle, comme pourrait le faire par exemple Quentin Tarantino. Il veut, rejoignant ainsi les thèmes évoqués dans nombre de ses films, montrer les conséquences qu'elle a sur le comportement humain, la fascination qu'elle provoque. Car chaque être humain, à des degrés divers, a son côté obscur, dit-il.