Un des membres de l'association Al Ahbache, cité dans le rapport de l'enquêteur onusien pour avoir téléphoné au président Lahoud juste avant l'attentat, a été arrêté. La justice libanaise a réussi une percée dans son enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, en procédant à l'arrestation du fondamentaliste sunnite libanais, Mahmoud Abdel Al. Ce dernier, cité dans le rapport de la commission d'enquête de l'ONU pour avoir appelé le portable du président libanais, Emile Lahoud, quelques minutes avant l'explosion. Il est le frère d'un suspect-clef, Ahmad Abdel Al, membre éminent d'Al Ahbache, “groupe libanais ayant des liens historiques forts avec les autorités syriennes”, selon le rapport de cette commission. Detlev Mehlis affirme dans son rapport que Mahmoud Abdel Al a appelé de son téléphone, le 14 février à 12h47 locales, quelques minutes avant l'explosion, le téléphone mobile du président Emile Lahoud, et à 12h49 locales le téléphone portable de Raymond Azar, alors chef des renseignements militaires libanais, emprisonné depuis deux mois. Un troisième frère d'Abdel Al est membre de la Garde présidentielle, dont le chef, le général Moustapha Hamdane, est avec le général Azar l'un des quatre officiers de haut rang, pivots du système sécuritaire libanais sous la tutelle syrienne, à avoir été écroués en septembre sur recommandation de la commission Mehlis. L'arrestation de Mahmoud Abdel Al est la première au Liban depuis la publication du rapport de la commission de l'ONU chargée de faire la lumière sur l'assassinat de Rafic Hariri. Réagissant à l'information de l'appel téléphonique par le président Emile Lahoud, le bureau de presse du chef de l'Etat libanais a démenti que celui-ci ait reçu “un appel téléphonique de la part d'un suspect” quelques minutes avant l'assassinat de Hariri. Peu après, la même source a néanmoins concédé qu'“un appel avait été enregistré sur un des portables en service à la présidence de la République mais que cet appel ne s'était pas fait avec le président”. Par ailleurs, le gouvernement, réuni samedi après-midi, s'est déclaré satisfait du contenu du rapport de l'enquêteur des Nations unies. “Ce rapport est à la hauteur des espérances des Libanais”, a déclaré le ministre de l'Information Ghazi Aridi à l'issue de la réunion extraordinaire du cabinet. “Fort des vérités qu'il contient, objectif et reflétant un haut professionnalisme, ce rapport constitue la base solide pour parvenir à la vérité sur tout ce qui concerne ce crime terroriste et à châtier les coupables quels qu'ils soient et là où ils se trouvent”, a ajouté le ministre. Fouad Siniora, le Premier ministre libanais “a remercié l'ONU de ses efforts pour faire la vérité, notamment la commission et son chef et le secrétaire général Kofi Annan”, a déclaré M. Aridi. De son côté le chef druze libanais, Walid Joumblatt, a exhorté le président syrien Bachar al Assad à “coopérer pour établir la vérité” sur l'assassinat de Rafic Hariri après la publication du rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur ce crime. “Mon conseil au président Al Assad est qu'il coopère pour établir la vérité”, a déclaré M. Joumblatt. Enfin, une explosion accidentelle s'est produite hier matin dans la ville chrétienne de Jounieh, au nord de Beyrouth, causant uniquement des dégâts matériels, selon une source policière. K. ABDELKAMEL