Confession n L?écrivain et dramaturge, Slimane Benaïssa, s?est exprimé, mercredi, au centre de presse du quotidien El-Moudjahid. Lors de son intervention, Slimane Benaïssa a manifesté son intention de marquer son retour à la scène culturelle, un retour qu?il compte bien construire, avant de retracer son parcours artistique. Cependant, le dramaturge a mis notamment l?accent sur l?exil qu?il a vécu et qui semble l?avoir ? cruellement ? marqué, tout en l'aidant dans la mesure où il lui a permis d'acquérir de nouvelles expériences aussi enrichissantes les unes que les autres. «J?ai quitté l?Algérie en 1993 pour une résidence d?écriture en France, j?y suis resté et je ne suis revenu au pays que dix ans plus tard.» Slimane Benaïssa a pris le chemin de l?exil parce que, à l?époque, les artistes étaient la cible des extrémistes. Il a préféré donc endurer les affres de l?exil, mais cet exil dont il souffrait lui a apporté une ouverture et un enrichissement intérieur. Passionné pour le théâtre, Slimane Benaïssa rejoint, en 1967, la formation Théâtre et culture où il a fait son apprentissage. «J?ai appris sur le tas à écrire, à jouer et à mettre en scène», déclare-t-il. Et d?ajouter : «J?ai fait de l?art un métier.» Le parcours artistique et professionnel de Slimane Benaïssa est riche Sa notoriété, il la doit aux pièces qu?il a montées et qu'il a fait jouer plus d?une centaine de fois devant un public estimé à des milliers de personnes. Ses succès, rappelons-le, sont Bouâlem zid el goudem, Babor ghrek ou encore Rak khouya ouana chkoun ?, une pièce qu?il a montée avec Dalila Hlilou et Fatima Oussliha. Sa passion est donc les planches, la scène, le 4e art, mais ce qui le passionne le plus, c?est bien l?écriture théâtrale, et il a passé toute sa vie à écrire. Mais dans son exil en France, Slimane Benaïssa le dramaturge s'est éclipsé. «J?ai cessé d?écrire. Pendant deux ans je n?ai rien écrit. Je ne savais pas quoi faire. Il fallait me reconstituer», confie-t-il. Slimane Benaïssa est resté ainsi jusqu?au jour où il s?est réconcilié avec lui-même, avec son nouvel environnement. Il s?est reconstitué par rapport à l?écriture. Car, «le théâtre, explique-t-il, est devenu mon espace d?existence plus qu?un art, qu?un métier.» «Le théâtre s?est imposé à moi comme lieu d?écriture, un lieu que ma nécessité a choisi», poursuit-il. C?est donc ce besoin de survivre loin de chez lui, des siens et dans une terre qui lui est étrangère qui a poussé Slimane Benaïssa à renouer avec l?écriture, à retrouver la force ? et le courage ? de réinvestir dans le théâtre. De l?autre côté de la Méditerranée, le dramaturge signe quelques succès : Mariane et le marabout (1994) ; Les fils de l?amertume (1995) ; Prophète sans dieu (1997)... A souligner que Slimane Benaïssa sera nommé, ces jours-ci, docteur honoris causa par la Sorbonne, une distinction qu?il a bien méritée pour tout le travail qu?il a accompli en matière de création dramaturgique.