Résumé de la 44e partie n En signe de gratitude pour tout ce que le jardinier a fait pour lui, Kamaralzamân insista pour partager avec lui le trésor découvert dans le caveau. Ainsi parla le vieillard aux tremblantes mains. Puis il ajouta : «Pour ce qui est de ces vases précieux qui te préoccupent, prends, puisque ainsi tu le désires, les dix premiers et laisse les dix autres dans ce caveau. Ils seront la récompense de celui qui mettra en terre le linceul où je dormirai. «Mais ce n'est pas tout ! Le difficile n'est pas là ; le difficile est d'embarquer ces vases sur le navire sans attirer l'attention et exciter la cupidité des hommes à l'âme noire qui habitent la ville. Or, dans mon jardin, ces oliviers sont chargés de leurs fruits, et là-bas où tu vas, à l'île d'Ebène, les olives sont chose rare et fort estimée. Je vais donc courir acheter vingt grands pots que nous remplirons à moitié de lingots et de sable d'or et le reste, jusqu'en haut, des olives de mon jardin. Et alors seulement nous pourrons les faire porter sans crainte au navire en partance.» Ce conseil fut immédiatement suivi par Kamaralzamân, qui passa la journée à préparer les pots achetés. Et, comme il ne lui restait plus que le dernier pot à remplir, il se dit : «Ce miraculeux talisman n'est pas assez en sûreté autour de mon bras ; on peut me le voler pendant mon sommeil ; il peut se perdre autrement. Il vaut donc mieux, à coup sûr, que je le mette au fond de ce vase ; puis je le couvrirai avec les lingots et la poudre d'or, et par-dessus le tout je placerai les olives !» Et aussitôt il mit son projet à exécution ; et la chose finie, il recouvrit le dernier pot de son couvercle de bois blanc et, pour reconnaître au besoin ce pot au milieu des vingt, il y fit une encoche vers la base, puis entraîné par ce travail, il grava complètement son nom au couteau, «Kamaralzamân», en beaux caractères entrelacés. Cette besogne finie, il pria son vieil ami d'aviser les hommes du navire qu'ils eussent à venir le lendemain prendre les pots. Et le vieillard s'acquitta aussitôt de la commission, puis revint à sa maison, un peu fatigué et se coucha avec une fièvre légère et quelques frissons. Le lendemain matin, le vieux jardinier qui, de sa vie entière n?avait été souffrant, sentit augmenter son maI de la veille mais n'en voulut rien dire à Kamaralzamân pour ne pas attrister son départ. Il resta sur son matelas, en proie à une grande faiblesse et comprit que ses derniers moments n'allaient plus tarder. Dans la journée, les hommes de la mer vinrent au jardin pour prendre les pots, et demandèrent à Kamaralzamân, qui était allé leur ouvrir la porte, de leur indiquer ce qu'ils avaient à prendre. Il les mena près de la haie et leur montra, rangés les vingt pots, en disant : «Ils sont remplis d'olives de premier choix. Je vous prie donc de prendre garde de ne pas trop les abîmer !» Puis le capitaine qui avait accompagné ses hommes dit à Kamaralzamân : «Et surtout, seigneur, ne manque pas d'être exact ; car demain matin le vent souffle de terre et nous mettons à la voile aussitôt !» Et ils prirent les pots et s'en allèrent... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Mais lorsque fut la deux cent vingt-deuxième nuit, elle dit : ...Et ils prirent les pots et s'en allèrent. (à suivre...)