Carence n Comment peut-on réussir les centaines de projets lancés dans le cadre du programme de soutien à la relance économique alors qu?aucune université algérienne ne forme des gestionnaires de projets ? Le Dr Lamiri, P-DG de l?Institut privé de management (Insim), déplore l'inadaptation du cursus universitaire aux nouvelles exigences du marché de l?emploi. «Les projets engagés ne peuvent être achevés en l?absence de l?efficacité de l?appareil de formation. L?adaptation des profils des ressources humaines aux nouvelles réalités économiques constitue l?élément clé de l?aboutissement des plans de développement», a-t-il indiqué, hier, à l?occasion de la journée d?information organisée par la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (Ccfc) en collaboration avec le ministère des Finances. L?expert ajoutera qu?il faut absolument se défaire de certaines idées archaïques faisant croire que la compétence est automatiquement acquise sur le terrain. «La gestion des projets est un savoir-faire énorme à acquérir par la formation et à consolider par l'expérience», a-t-il souligné. Miloud Boutabba, secrétaire général au ministère des Finances, a souligné, pour illustrer la problématique, que son secteur faisait lui-même face à un double défi : des effectifs anciens sur le départ dans l'ensemble et le manque d'expertise qui caractérise une bonne partie de la «relève». Il a longuement insisté sur la nécessité de définir une stratégie de formation qui puisse assurer la continuité des réformes tout en absorbant un encadrement de qualité. Les intervenants ont déploré l?inexistence de stages pratiques pour les universitaires qui, en fin d?études, se trouvent désorientés et ne peuvent s?adapter aux exigences du métier. Le président de l?Ordre des experts-comptables, Mohamed-Lamine Lamiri, estime que le recours aux contrats entre l?université et les opérateurs économiques constitue une urgence et «l?Etat doit impérativement dicter aux entreprises d?accueillir des étudiants pour des stages pratiques pour au moins deux années». Le lancement de nouvelles formations doit se baser sur une large concertation entre les instituts de formation et les opérateurs économiques. «Au Japon, 80 % des programmes de formation sont conçus par le patronat. Pour réussir cette période de transition économique et relever les défis de la transformation institutionnelle, l?université algérienne devra adopter ce mode de formation-emploi». Pour sa part, l?ancien Chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, a plaidé pour la remise à niveau du cursus universitaire en allant vers le mode du «corporate university» appliqué dans les pays anglo-saxons. Ce système consiste en la formation des étudiants selon les besoins des entreprises économiques et qui sont pris en charge tout au long de la durée de formation. «Cette tendance évitera à l?Algérie les dépenses colossales destinées à la formation des milliers de cadres inutiles pour le marché de l?emploi», a-t-il expliqué d?emblée.