Résumé de la 8e partie n Pendant que Belle-Heureuse se consumait en captivité dans les châteaux du khalife, Bel-Heureux accourut chez le gouverneur pour lui demander d?entreprendre des recherches afin de la retrouver. Et Bel-Heureux, hors de lui, courut au palais, et le gouverneur le reçut sans le faire attendre, par égard pour son père Printemps qui comptait parmi les plus hauts notables de la ville. Et Bel-Heureux, sans même s'arrêter aux formules obligatoires du salam, dit au gouverneur : «Mon esclave a disparu depuis ce matin, de ma maison, en compagnie d'une vieille femme que nous avions hébergée chez nous. Je viens te prier de m'aider à la rechercher.» Le gouverneur prit un ton plein d'intérêt en répondant : «Mais certainement, mon fils ! Il n'y a rien que je ne fasse, en considération de ton digne père. Va trouver de ma part le chef de la police et expose-lui ton affaire. C'est un homme fort avisé et plein d'expédients qui, sans aucun doute, vous trouvera l'esclave d'ici peu de jours.» Alors Bel-Heureux courut chez le chef de la police et lui dit : «Je viens te voir de la part du gouverneur pour retrouver mon esclave qui a disparu de la maison.» Le chef de la police, assis sur le tapis, jambes croisées au-dessous de lui, souffla deux ou trois fois et demanda : «Et avec qui est-elle partie ?» Bel-Heureux répondit : «Avec une vieille dont le signalement est tel et tel. Et cette vieille est habillée de bure et porte au cou un chapelet aux grains par milliers.» Et le chef de la police dit : «Par Allah ! dis-moi où se trouve la vieille et j'irai tout de suite te chercher l'esclave !» A ces paroles, Bel-Heureux répondit : «Mais sais-je, moi, où se trouve la vieille ? Et viendrais-je ici si je savais l'endroit où elle est ?» Le chef de la police changea la position de ses jambes, les ramena sous lui en sens inverse et dit : «Mon fils, il n'y a qu'Allah l'Omniscient pour découvrir les choses invisibles !» Alors Bel-Heureux, irrité à l'extrême, s'écria : «Par le Prophète ! c'est toi seul que je rends responsable de la chose ! Et, s'il le faut, j'irai trouver le gouverneur et même l'émir des Croyants pour les édifier sur ton compte !» L'autre répondit : «Tu peux aller où bon te semble ! Je n'ai pas appris la sorcellerie pour dévoiler les choses cachées !» Alors, Bel-Heureux s'en retourna chez le gouverneur et lui dit : «Je suis allé chez le chef de la police, et il s'est passé telle et telle chose.» Et le gouverneur dit : «Ce n'est pas possible ! Holà ! gardes, allez me chercher ce fils de chien-là !» Et lorsque ce dernier fut arrivé, le gouverneur lui dit : «Je t'ordonne de faire les recherches les plus minutieuses pour retrouver l'esclave de Bel-Heureux, fils de Printemps ! Envoie tes cavaliers dans toutes les directions ; cours toi-même et cherche partout ; mais il faut que tu la retrouves !» Et en même temps il lui cligna de l'?il pour que rien ne fût fait ; puis il se tourna vers Bel-Heureux et lui dit : «Quant à toi, mon fils, je veux désormais que tu ne réclames l'esclave que de ma barbe ! Et si, par extraordinaire (car tout peut arriver) on ne retrouvait pas l'esclave, je te donnerais moi-même, à sa place, dix vierges de l'âge des houris ! Et je forcerai également le chef de la police à te donner de son harem dix jeunes esclaves aussi intactes que mon ?il ! Seulement tranquillise ton âme, car sache bien que le destin t'accordera toujours ce qui t'est réservé et que, d'autre part, tu n'auras jamais ce que le sort ne t'a pas destiné...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Mais lorsque fut la deux cent quarante-deuxième nuit, elle dit : «... Tu n'auras jamais ce que le sort ne t'a pas destiné !» (à suivre...)