Engrenage n L?histoire a la peau dure et a tendance à se répéter. Il y a deux saisons, le Mouloudia d?Alger était retourné en Nationale I après avoir purgé une saison au second pallier à cause d?une bévue monumentale de ses dirigeants. Alors qu?il avait aligné une série de bons résultats, il avait été stoppé dans son élan par le CR Belouizdad sur le score de 0-3. Une défaite qui avait suscité le courroux des supporters, notamment la frange violente parmi eux, qui avait menacé dirigeants et joueurs et qui avait fait vaciller la maison du Doyen. Sous la pression de la rue et pour sauver les meubles, les dirigeants avaient préféré sacrifier l?entraîneur Noureddine Saâdi, pourtant artisan de l?accession en Nationale I, laissant l?équipe quatrième à cinq points du premier et avec deux matchs en retard. Cette fois, la défaite contre le Chabab, la troisième d?affilée, a de nouveau mis à nu la fragilité d?un club géré par un président dépassé par les événements et qui a une façon particulière de mener les affaires d?un aussi grand club comme le MCA. Méfiant et ne faisant confiance à aucune personne de son entourage ? sauf Tourqui Messaoud, son vice-président et homme de toutes les besognes (y compris les plus ?) ?, le docteur Messaoudi a consommé tout le crédit qu?il avait auprès des joueurs, du staff technique et surtout des supporters dont une frange exige aujourd?hui son départ, se rendant compte qu?il n?avait finalement pas l?envergure d?être à la tête d?un aussi grand club que le Mouloudia. Manquant de vision objective et d?une stratégie solide bien appuyée sur un matelas financier et une organisation professionnelle digne des grands clubs, Messaoudi bricole en toute quiétude devant l?absence d?un conseil de direction capable de faire le poids. Trois défaites ont suffi pour faire chuter le bel édifice construit sur une terre friable et dans un environnement lourd à supporter. Et comme c?est toujours la rue qui dicte sa loi au MCA, car érigée en culture, les choses ont dérapé une fois encore : des affaires en justice, des joueurs menacés et insultés, des intentions de départ en masse de plusieurs d?entre eux (Bouacida, Braham-Chaouch, Maouche et autres), des séances d?entraînement perturbés, le «siège» du club investi, ce qui a obligé la direction à recourir à la force publique, un entraîneur qui n?a cure du droit de réserve contenu dans son contrat et un staff technique qui représente à lui seul le budget moyen d?une équipe de D II et pour quel résultat : une banale neuvième place au classement. Le divorce entre Messaoudi et Nouzaret est déjà dans l?air, et les résultats des deux derniers matchs du championnat ainsi que le match aller des quarts de finale de la Ligue des champions arabe des clubs contre le représentant Egyptien, ENPPI, seront décisifs dans la mesure où le moindre faux pas scellera la rupture entre les deux hommes. Quel gâchis ! A la veille du déplacement vers Tlemcen, l?ambiance était morose et n?augurait pas des lendemains qui chantent. Du coup, les vieux démons sont de retour avec toujours les mêmes acteurs, les mêmes guerres de clans par groupes de soi-disant supporters interposés. Il est vrai que sur le terrain, l?équipe a montré quelques progrès dans le jeu et les résultats avaient bien marché à un moment donné, mais le groupe de joueurs, tout comme l?équipe dirigeante, manquait de maturité et surtout de solidarité. Contrairement aux autres clubs, lorsque le Mouloudia passe par une crise, chacun se retire ou rejette la responsabilité sur l?autre. Au CRB, tous les dirigeants se sont réconciliés et ont formé un bloc autour de leurs joueurs pour battre le Mouloudia, un club où l?on avance plutôt en rangs dispersés. Hier, de source proche du club algérois, on reparle de nouveau du départ de Messaoudi qui, à chaque mauvaise passe, brandit la menace de quitter son fauteuil de président. Du déjà-vu, à moins que cette fois il sera vraiment poussé vers la porte de sortie d?autant que Rachid Marif n?est plus dans les parages pour veiller à ce que son protégé soit maintenu. Des voix indiscrètes ont, par ailleurs, évoqué le nom d?Ahmed Tafat qui jouit de plus de poids et de crédibilité pour remettre de l?ordre dans la maison avant de confier les rênes à une direction digne des conseils d?administration des grands clubs. Le mode de gestion actuel du MCA est en tout cas loin de ce que devrait être un club d?une telle envergure.