C'est à travers le niveau de sa compétition nationale qu'elle peut être jugée. L'équipe nationale de football a, certainement, pris un sacré coup sur la tête, jeudi soir, au stade du 5-Juillet. Se faire battre à domicile à moins de 15 jours de l'ouverture de la CAN, c'est préparer son opinion publique à un ratage en règle, lors de la compétition continentale. C'est, surtout, pour les joueurs, une terrible désillusion capable de leur saper le moral. Il est certain que c'est sur ce dernier aspect que le staff technique de l'EN va axer le plus gros de son travail, d'ici le rendez-vous contre le Cameroun le 25 janvier. On pense, notamment, à des joueurs comme Beloufa, Ouadah, Yahia et Benhamou (même si ce dernier n'a pas joué) qui étrennaient leurs galons d'internationaux avec les Verts. Toujours est-il que, quelque part, ce match, malgré la défaite, est plus qu'utile. Il est venu à point nommé pour indiquer la véritable valeur de notre football dont on avait, naïvement, cru qu'il avait retrouvé une équipe nationale de grand talent lorsqu'elle avait passé six buts aux faibles Nigériens lors des éliminatoires de la coupe du monde de 2006. On pourra dire que Sâadane a tapé à côté en ne sélectionnant pas des joueurs comme Dziri et Ammour mais c'est oublier qu'ils sont issus d'un championnat faible et que s'ils sont talentueux en Algérie, ils ne le seront pas, forcément, au niveau africain. Evitons de parler de leur participation avec l'USMA en coupe d'Afrique car en Tunisie c'est de coupe d'Afrique des nations qu'il s'agira avec une véritable armada de joueurs professionnels. Rien ne dit que l'EN sera battue en Tunisie. Il est même possible qu'elle y réalise de bons résultats car le football est imprévisible. On rappellera, à titre d'exemple, qu'en 1981 elle avait été, largement, battue, au stade du 5-Juillet par l'équipe du Paris-Saint-Germain (3-0), une semaine avant d'aller au Nigeria affronter les super Eagles en match aller du dernier tour éliminatoire de la coupe du monde de 1982. Inutile de dire qu'à l'époque, aucune chance n'avait été accordée aux Verts. Pourtant, c'était à Lagos, en gagnant sur le score de 2 buts à 0 qu'ils avaient préparé, de superbe façon, leur qualification pour le mondial espagnol. L'erreur, on ne cessera pas de le répéter, serait de penser qu'une bonne participation serait synonyme de régénération de sa part. Le problème de cette équipe est ailleurs. Il est dans l'incapacité de son football de revoir sa copie et de se lancer dans une véritable politique de formation. Cette histoire ne date pas d'aujourd'hui ou d'hier. Elle remonte à avant-hier pour dire qu'elle dure depuis de nombreuses années. Si l'équipe de 1982 avait pu, avec les mêmes cadres, se qualifier pour la coupe du monde de 1986 pour voir son étoile décliner au lendemain du succès final - sur le fil, faut-il le rappeler - et qui, depuis, est restée sans relève, c'est parce que le code de l'EPS avait commis la monumentale bévue de ne pas se focaliser sur le renouvellement de l'élite par un travail à la base, au niveau des jeunes catégories. On avait cru que les Madjer, Belloumi, etc étaient éternels. La plus belle des réponses a été donnée, jeudi soir, par Henri Stambouli, l'entraîneur français de l'équipe du Mali, qui a eu la franchise d'avouer que la formation qu'il avait sous la main avait été façonnée par ses prédécesseurs. Pourquoi un pays comme le Mali, qui dispose de faibles moyens par rapport à l'Algérie, réussit-il là où nous traînons notre peine? Tout simplement parce que leur pouvoir politique et leur fédération de football ont misé sur un programme à long terme avec, comme leitmotiv, la formation. Chez nous, on a perdu du temps en confiant à d'innombrables cellules la mission de réfléchir pour mettre, ensuite, les résultats de leurs travaux dans des tiroirs. La solution n'est pas de donner des stades à des clubs pour qu'ils les gèrent. C'est plutôt de permettre à ces clubs d'avoir des terrains pour qu'ils érigent des centres de formation, un ou deux terrains d'entraînement et qu'ils puissent accéder aux prêts bancaires pour financer les projets. Il n'est pas normal qu'un club comme Djoliba du Mali ait un centre de formation alors que chez nous les clubs aux moyens nettement supérieurs se permettent de miser sur le recrutement onéreux de supposées vedettes qui pour la plupart sont incapables d'effectuer un contrôle orienté, c'est-à-dire un geste qui s'apprend à l'école de football. Quand le meilleur buteur du championnat arrive, poussivement, à aligner 15 buts sur une saison, quand la meilleure attaque fait valoir un résultat tout aussi ridicule, il n'y a pas lieu de parler d'équipe nationale compétitive. Et tous les Dziri et Ammour d'Algérie n'y feront rien.