Thriller Assassin en série de routards qui parcouraient l'Asie dans les années 1970, le Français Charles Sobhraj s?est retrouvé de nouveau, lundi, devant un juge. Cette fois il est arrêté pour un double meurtre qu'il aurait commis au Népal, il y a 28 ans. Ce criminel de légende, qui avait pris sa retraite dans le quartier chinois de Paris après avoir passé 21 années dans les prisons indiennes, a refait surface la semaine dernière à Katmandou où il a été arrêté vendredi dans un casino. A 59 ans, «le Serpent», un surnom que lui a valu sa facilité à changer d'identité et à échapper à la justice, devait être inculpé lundi pour le double meurtre, en 1975, d'une Américaine et d'un Canadien, à la grande époque des hippies, dans la capitale népalaise. L'Américaine Annabella Tremont avait succombé à plusieurs coups de couteau et la police avait soupçonné un Canadien, Laddie DuParr, d'avoir commis le meurtre. Mais la découverte de son corps calciné a invalidé l'hypothèse. Les enquêteurs ont conclu que son passeport avait été volé et porté leurs soupçons sur Sobhraj. Celui-ci se défend d'avoir commis le double meurtre, a déclaré un policier qui a participé à son interrogatoire samedi. «Il défie les autorités de prouver qu'il était au Népal en 1975», a-t-il dit, alors que les enquêteurs fouillaient le dossier instruit pour meurtre contre Sobhraj en 1976. A défaut, le tribunal pourrait inculper «le Serpent» de violation de la législation sur l'immigration pour être entré au Népal avec un passeport néerlandais au nom de Henricus Bintanja. La police a ensuite trouvé son passeport français l'identifiant comme Charles Sobhraj Gurmukh. S'il est condamné pour meurtre, il risque la détention à vie au Népal où la peine de mort n'existe pas. Une falsification d'identité lui coûterait jusqu'à trois ans de prison et une amende de 670 dollars. Pourquoi s'est-il rendu au Népal ? Dans des interviews à Paris, pour lesquelles il réclamait des milliers de dollars, il avait dit vouloir retrouver l'Asie et y fonder une école pour enfants indigents. Un quotidien de Katmandou a rapporté qu'il avait comme projet de se lancer dans l'exportation de châles du Népal. Séducteur, détrousseur de touristes, roi de la cavale, expert en poisons et «meurtrier diabolique» selon ses biographes, Sobhraj avait défrayé la chronique lors de son retour en France en 1997 après vingt ans passées dans les prisons indiennes.