Raison n Une participation inédite de la minorité sunnite, qui avait boudé le scrutin de janvier, a été enregistrée. Comme pour le référendum sur la Constitution en octobre, qui a vu une forte participation des sunnites, ils se sont rendus en masse dans les bureaux de vote, jeudi dernier, aux législatives. Ils affirment avoir voté pour dire non aux Américains et au pouvoir dominé par les chiites. «Nous rêvons du départ des Américains et nous rêvons de stabilité. C'est pour cela que nous avons voté.» Ces propos traduisent un sentiment répandu au sein de sa communauté qui forme entre 20 et 25 % de la population irakienne. La participation a atteint, selon des estimations, 80 % dans la province à dominante sunnite de Salaheddine, fief du président déchu Saddam Hussein. Ahmad Alouane, instituteur de 48 ans de la même ville, espère que le vote des siens aidera à «éviter au pays une guerre civile en mettant fin aux tueries», allusion aux assassinats parmi les membres de sa communauté. Equilibrer la composition du Parlement est l'une des autres raisons avancées pour justifier le vote des sunnites, qui n'avaient qu'une poignée de députés dans l'Assemblée sortante. «Il fallait instaurer l'équilibre au sein de l'Assemblée qui était anormalement dominée par les représentants d'une seule communauté», a souligné Mohammad Abdel Aziz, un ingénieur de 42 ans, habitant Bagdad, en référence aux chiites. Dans la campagne électorale, le départ des troupes américaines et les exactions attribuées aux services de l'ordre contre les sunnites ont été les thèmes majeurs sur les listes sunnites. Environ 70% des électeurs auraient participé aux législatives en Irak, un chiffre en nette augmentation par rapport aux dernières élections. «Le nombre de ceux qui ont participé au scrutin doit se situer entre 10 et 11 millions d'électeurs, selon nos premières estimations», a déclaré, hier, vendredi, un haut responsable de la commission électorale. Par ailleurs, à en croire les résultats non officiels, la liste chiite conservatrice est en tête dans cinq provinces du sud de l'Irak, alors que l'alliance kurde est victorieuse dans le nord et qu'une coalition sunnite fait un bon score. Alors qu?au nord de Bagdad, la coalition sunnite avec notamment le Parti islamique arrive en tête avec 45 % des voix. Les résultats officiels et définitifs à l'échelle nationale doivent être annoncés à la fin de l'année, voire au début 2006, a annoncé la Commission électorale indépendante.