Résumé de la 15e partie n Bel-Heureux, déguisé en femme, entre au château. Avec la complicité de la servante perse, il pénètre dans une immense et magnifique salle qui renferme un grand mystère? Au milieu de la salle il y avait un trône recouvert de velours, seul meuble visible ; aussi Bel-Heureux, n'osant plus reculer de peur d'être rencontré errant dans les corridors, alla s'asseoir sur le trône et attendit sa destinée. Il était là à peine depuis quelques instants quand un bruit de soieries parvint à ses oreilles, répercuté par la voûte, et il vit entrer, par l'une des portes latérales, une jeune femme à l'aspect royal, habillée seulement de ses vêtements d'intérieur, sans voile sur le visage ou foulard sur les cheveux ; et elle était suivie d'une petite esclave mignonne, les pieds nus, qui portait sur la tête des fleurs et tenait à la main un luth en bois de sycomore. Et cette dame n'était autre que Sett Zahia elle-même, la s?ur de l'émir des Croyants. Lorsque Sett Zahia vit cette personne voilée assise dans la salle, elle s'approcha d'elle gentiment et lui demanda : «Qui es-tu, ô étrangère que je ne connais pas ? Et pourquoi restes-tu ainsi voilée dans le harem où nul ?il indiscret ne peut te voir ?» Mais Bel-Heureux, qui s'était hâté de se mettre debout, n'osa articuler un mot et prit le parti de faire le muet. Et Sett Zahia lui demanda : «O jeune fille aux yeux si beaux, pourquoi ne me réponds-tu pas ? Si par hasard tu es une esclave renvoyée du palais par mon frère l'émir des Croyants, hâte-toi de me le dire et j'irai intercéder en ta faveur, car il ne me refuse jamais rien.» Mais Bel-Heureux n'osa guère faire de réponse. Et Sett Zahia pensa que le mutisme de la jeune fille avait pour cause la présence de la petite esclave qui était là, les yeux écarquillés, à regarder avec étonnement cette personne voilée et si timide. Elle lui dit donc : «Va, ma mignonne, et reste derrière la porte pour empêcher n'importe qui d'entrer dans la salle.» Et lorsque la petite fut sortie, elle vint tout près de Bel-Heureux, qui fut tenté de se serrer encore davantage dans son grand voile, et lui dit : «Dis-moi maintenant, adolescente, qui tu es, et dis-moi ton nom et le motif de ta venue dans cette salle où je suis seule à entrer avec l'émir des Croyants ? Tu peux me parler le c?ur sur la main, car je te trouve charmante et tes yeux me plaisent déjà beaucoup ! Oui ! vraiment je te trouve ravissante, ma petite !» Et Sett Zahia, qui aimait à l'extrême les vierges blanches et délicates, avant d'attendre la réponse, prit la jeune fille par la taille en l'attirant à elle. Mais elle fut stupéfaite de constater que la poitrine de la jeune fille était aussi lisse que celle d'un adolescent ! Elle recula d'abord, puis se rapprocha et voulut lui soulever la robe pour voir plus clair dans l'affaire. Lorsque Bel-Heureux vit ce mouvement, il jugea plus prudent de parler et, prenant la main de Sett Zahia qu'il porta à ses lèvres, il dit : «O ma maîtresse, je me livre entièrement à ta bonté et me mets sous ton aile en demandant ta protection !» Sett Zahia dit : «Je te l'accorde entière. Parle.» Il dit : «O ma maîtresse, je ne suis point une jeune fille ; je m'appelle Bel-Heureux, fils de Printemps le Koufique. Et si je suis venu ici au risque de ma vie, c'est dans le but de revoir mon épouse Belle-Heureuse, l'esclave que le gouverneur de Koufa m'a enlevée pour l'envoyer en cadeau à l'émir des Croyants. Par la vie de notre Prophète, ô ma maîtresse, aie compassion de ton esclave et de son épouse !» Et Bel-Heureux fondit en larmes. Mais déjà, Sett Zahia avait appelé la petite esclave, et lui avait dit : «Cours vite, ma mignonne, à l'appartement de Belle-Heureuse, et dis-lui : ?Ma maîtresse Zahia te demande !?» Puis elle se tourna... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. (à suivre...)