Résumé de la 1re partie n Deux personnages, deux scènes. Lenny se terrant dans l?église où il est désormais seul dans la nuit et Sondra qui s?apprête, à quelques mètres de là, à abandonner son bébé. Sondra sentit sa gorge se serrer en voyant la haute silhouette un peu voûtée du prêtre sortir de l'église et entrer directement dans le presbytère voisin. Le moment était venu. Elle avait apporté des vêtements et de quoi nourrir l'enfant : deux brassières, une longue chemise de nuit, une veste à capuchon et des chaussons, des biberons et du lait en poudre, sans oublier les changes. Elle avait enveloppé le nouveau-né comme un bébé esquimau, dans deux langes et un nid-d'ange de laine épaisse, et au dernier moment, parce que la nuit était glaciale, elle avait apporté un sac d'emballage en papier kraft. Elle avait lu quelque part que le papier était un bon isolant contre le froid. Non que l'enfant risquât de rester longtemps dehors, naturellement juste le temps de trouver un téléphone public et d'appeler le presbytère. Elle déboutonna lentement son manteau, s'efforçant de remuer le moins possible le petit corps, soutenant sa tête avec précaution. La faible lueur d'un réverbère lui permit de distinguer le visage de son enfant. «Je t'aime, murmura-t-elle passionnément. Je t'aimerai toujours.» Le bébé ouvrit les paupières pour la première fois. Sondra plongea ses yeux marron dans le regard couleur d'eau, ses longs cheveux blond foncé se mêlèrent au duvet naissant ; les minuscules lèvres se crispèrent, cherchant le sein maternel. Sondra pressa la tête de l'enfant contre son cou, sa bouche s'attarda sur la joue soyeuse. Puis, d'un geste décidé, elle glissa la forme menue dans le sac d'emballage, saisit la poussette d'occasion pliée à côté d'elle, et la prit sous son bras. Elle attendit qu'il n'y eût plus personne près de l'endroit où elle se cachait, s'approcha du bord du trottoir et inspecta les alentours. La circulation était arrêtée un peu plus loin à un feu rouge et il n'y avait aucun piéton en vue. Les files de voitures stationnées de chaque côté de la rue permirent à Sondra de rester à l'abri des regards pendant qu'elle s'élançait vers le presbytère. Là, elle grimpa à la hâte les trois marches qui menaient à l'étroit perron et déplia la poussette. Après avoir enclenché le frein, elle déposa doucement le bébé sous la capote et plaça le paquet de vêtements et de biberons à ses pieds. Elle s'agenouilla un instant, contemplant une dernière fois son enfant. «Adieu», murmura-t-elle. (à suivre...)