Cérémonie n Un vibrant hommage a été rendu, jeudi, à la salle El-Mougar à l?un des maîtres de la chanson chaâbie. La cérémonie s?est déroulée dans une ambiance pleine d?émotions et de nostalgie. Un programme varié a caractérisé la soirée : la participation de la zorna et de la chorale polyphonique Naghem qui a interprété des chansons puisées dans le répertoire national, à savoir Koum tara, un morceau arabo-andalou, ou encore Rah el-ghali rah du regretté Mahboubati. Ensuite, plusieurs artistes, comme Didi Keroum, ou encore Mokhtar et Hakim Boudjemaâ qui ont tenu à être présents sur scène afin de rendre l?hommage à leur père, ont assuré un beau récital chaâbi. Ces derniers ont interprété les meilleures chansons qui ont jalonné la carrière du maître, des chansons qui sont restées à jamais gravées dans la mémoire de l?ancienne génération (nombreuse à assister à la soirée) et qui sont, par ailleurs, une découverte pour les jeunes, eux aussi nombreux à être là. «A dire vrai, je ne connais pas Boudjemaâ El-Ankis, je ne connais pas ses chansons ni sa musique ; en fait, je le connais que de nom, et cela à travers mon père», dit un jeune. Et d?ajouter : «C?est regrettable qu?un artiste comme Boudjemaâ El-Ankis ne soit plus d?actualité, qu?on n?entende plus parler de lui. Et cet hommage est une louable initiative qui permet de faire revivre la mémoire de nos grands artistes qui ont marqué et enrichi notre culture.» «Un hommage ne suffit pas, une reconnaissance morale et matérielle est nécessaire», poursuit-il. Le plus bel hommage que l?on puisse rendre à un artiste n?est pas de lui organiser une soirée et de débiter des discours pompeux et élogieux à son égard, ou de lui donner de l?argent et de lui offrir des cadeaux, mais c?est de reconnaître l?artiste et l?homme de culture comme tel. C?est-à-dire reconnaître son statut et ses droits moraux et matériels. Les hommages se multiplient jusque-là. Il reste cependant que le statut de l?artiste n?est pas encore fait et défini, et la situation sociale et morale de l?artiste demeure la même, une fois que l?on a fini de lui rendre hommage, l?artiste retourne, comme il est venu, à sa triste réalité : de nouveau anonyme, en proie à l?incertitude et aux vicissitudes du quotidien. On l?oublie aussitôt, parce que l?on passe immédiatement à un autre hommage. Les instances concernées se leurrent lorsqu?elles expriment leur fierté de rendre hommage à tous ces artistes, hommes et femmes, pour assurer leur mémoire au sein de la jeune génération, et ce en vue d?éterniser leur nom et de les protéger contre l?oubli. Le ministère de la Culture se leurre lorsqu?il évalue les mérites des artistes au nombre d?hommages qu?il leur a rendu (150 rendus à des artistes vivants), alors que ces derniers attendent un statut les protégeant de tout abus ou quelconque escroquerie et les mettant à l?abri d?une misère morale et matérielle.