Défense n Les pays européens connaissent, depuis au moins deux ans, les activités des Etats-Unis en Europe à l'égard de terroristes présumés, a affirmé hier, Dick Marty, le rapporteur d'une commission du Conseil de l'Europe enquêtant sur ce sujet. M. Marty a qualifié la passivité des autorités en Europe de «choquante» sur ce dossier. «Depuis deux ou trois ans, les pays savent pertinemment ce qui est en train de se passer», a déclaré M. Marty, également parlementaire suisse, à la Télévision suisse romande. «Il y a des pays qui ont collaboré activement, il y en a d'autres qui ont toléré, et il y en a d'autres qui ont regardé simplement ailleurs», a-t-il ajouté. Au sujet des tortures qui auraient été pratiquées par la CIA, le rapporteur a estimé que «la réaction la plus vivace a eu lieu justement aux Etats-Unis». «C'est grâce à l'amendement d'un sénateur américain et républicain» que de telles pratiques ont été remises en cause, a-t-il rappelé à la TSR. Le rapporteur faisait référence à l'amendement finalement signé par le président George W. Bush le 31 décembre, interdisant la torture à l'étranger sur les prisonniers aux mains des Américains. La grande majorité du Congrès, pourtant républicaine, s'était ralliée à cet amendement défendu par le sénateur John McCain, héros de la guerre du Vietnam, alors que des ombres de plus en plus lourdes s'étendent sur les méthodes américaines dans la lutte contre le terrorisme. Lors d'une conférence de presse à Berthoud dans le canton de Berne, le rapporteur a, une nouvelle fois, vivement condamné les moyens utilisés depuis le 11 septembre 2001 par l'administration Bush pour lutter contre le terrorisme. Elles sont «inacceptables», car contraires aux droits de l'homme et aux Conventions de Genève, a-t-il martelé. M. Marty estime que son enquête sur les activités de la CIA en Europe ouverte en décembre dernier sera «longue et difficile». Il devrait rendre un rapport intermédiaire à la fin janvier. Selon lui, certains faits dénoncés dans un premier temps par les médias américains, sur la foi de documents de l'administration américaine, et certaines ONG, sont désormais avérés. M. Marty a rappelé le cas de l'Egyptien Abou Omar qui a été enlevé en 2003 par des agents de la CIA à Milan. Cet homme, soupçonné de terrorisme, aurait été transporté en Allemagne dans un avion qui a survolé la Suisse avant d'être transféré en Egypte où il a été torturé.