Rencontre n Le bilan littéraire de l?année 2005 a été l?objet d?une discussion animée, mardi, à la librairie Chihab entre éditeurs, écrivains et journalistes. L?objectif de cette rencontre consistait à dresser un constat, loin des chiffres de la production littéraire de l?année précédente. M. Rachid Mokhtari, écrivain et critique, dira que l?année 2005 fut foisonnante et que depuis quelques années, cinq ans environ, «l?on assiste à l?émergence d?une nouvelle génération d?écrivains», des auteurs, femmes et hommes, recourant, dans leur écriture, à un mélange de styles et de genres. «Ils utilisent des formes d?écriture hybrides», dit Mokhtari qui cite comme exemple Noureddine Saâdi dont l??uvre La nuit des origines apporte «une forme esthétique originale dans laquelle les dialogues sont fondus dans le corps narratif du texte». «Le romancier, contrairement à l'essayiste, doit être un producteur d'émotions et non d'idées», a-t-il affirmé en expliquant que dans le roman, «ce qui est important, ce n'est pas de renouveler la force thématique, mais d'apporter une originalité dans les formes esthétiques». De son côté, M. Mohamed Beghale, journaliste au quotidien El Khabar (rubrique culturelle), dira qu?en ce qui concerne la littérature algérienne en langue arabe, «il n?y a pas une tentative de renouveau dans l?écriture, mais un exercice d?écrire autrement.» Il y a eu quelques tentatives d'écriture originale, citant le livre de Wacini Laredj Kitab el Amir, «un roman ouvrant de nouveaux champs» car, a-t-il ajouté, «s'écartant du style des livres classiques tels que le roman autobiographique ou le roman d'urgence». Toutefois, M. Djamel Chaâlal, journaliste à la radio El Bahdja, explique que «certes il y a eu un foisonnement lors des dernières années, mais à partir de 2004, le marché du livre connaît une stagnation» et ce pour des raisons d?ordre financier. Il précise cependant que le métier du livre a acquis une maturité mettant en exergue l'amélioration de la qualité des ouvrages. Par ailleurs, les intervenants ont déploré que la presse ne participe pas à la promotion du livre et, par conséquent ne mette pas en exergue la production littéraire. Rachid Mokhtari souligne «qu il n?y a pas une tradition qui consiste à former des journalistes spécialisés en critique littéraire. Il n?y a pas une culture journalistique du livre.» Ensuite, les intervenants ont abordé la 9e édition du Salon du livre. Les observations étaient unanimes. «Le salon était beaucoup plus commercial que culturel, l?on était à la limite du bazar», dira Djamel Chaâlal. «Le salon du livre est d?abord un espace de rencontres et de débats culturels, un rendez-vous avec l?auteur, l?éditeur et les lecteurs. Il se trouve que cette année, le Sila a pris l?apparence d?un salon d?artisanat. C?était beaucoup plus un marché où l?on vendait et où l?on entendait parler seulement de chiffres», se désole Mohamed Beghale d?autant plus que lors de la précédente édition, les éditeurs étrangers participants ne s?y sont pas déplacés même pas leurs représentants. Ils se sont fait représenter par des libraires algériens en leur envoyant leurs livres. «La prochaine édition sera plus une grande librairie qu?un salon d?envergure culturelle», disent-ils tous. Enfin, et en guise de conclusion, les intervenants ont abordé la problématique du piratage des livres, tout en exprimant leur désappointement envers l?Onda ainsi qu?à l?égard des instances concernées afin d?éradiquer ce phénomène qui nuit au marché du livre. Tous appellent à ce que les autorités envisagent une politique pour réguler le marché du livre.