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M'sila
Du «kadoum» à la «gassaâ»
Publié dans Info Soir le 20 - 01 - 2006

Métiers n La fabrication du grand plat en bois, appelé gassaâ, remonte au moins à l'époque des Hammadites, qui installèrent leur première capitale dans la région.
En dépit de la rareté des ressources forestières dans la région du Hodna, l'approvisionnement en matière première s'effectue depuis les forêts de l'est et du centre du pays. Le rondin est taillé à l'aide d'un instrument appelé kadoum, conçu pour façonner l'incurvation du plat, fait d'une seule pièce. Un bon artisan a besoin de quatre à cinq jours pour réaliser une bonne gassaâ.
Selon certains artisans de la cité Argoub à M'sila, une gassaâ, taillée dans le bois d'eucalyptus, est plus facile à réaliser, contrairement à celle fabriquée en bois de chêne ou de noyer qui nécessite, elle, jusqu'à dix jours de travail. Le temps de travail et la qualité du bois, qui déterminent la durée de réalisation, ont une incidence directe sur le prix de l'article qui avoisine les quatre mille dinars pour la gassaâ en eucalyptus et un prix nettement plus élevé, pour celle en noyer ou en chêne, plus durable. Certaines familles conservent des gassaâ en bon état pendant une ou de deux générations.
Les artisans de M'sila, attachés aux procédés anciens, ressentent désormais la forte concurrence des artisans du Tell qui ont introduit la mécanisation dans leurs ateliers, leur permettant ainsi de produire de façon semi-industrielle et, du coup, porter les prix à l'unité à un niveau imbattable.
Pour faire face à cette situation qui menace leur profession, ces artisans se voient contraints de recourir à la matière semi-traitée, même si le temps de travail demeure encore trop long pour accroître leur compétitivité sur le marché. Plusieurs patrons d'ateliers de la cité Argoub soulignent qu'ils réduisent considérablement leurs marges bénéficiaires pour se maintenir sur le marché, ce qui vaut mieux que de fermer boutique.
D'autres préfèrent vendre leur produit au détail eux-mêmes, tout en s'adonnant aux réparations de vieux articles afin de garder un niveau de recettes, insuffisant certes, mais encore supportable.
Des professionnels signalent, en outre, qu'il existe sur le marché des articles faits en bois ordinaire, teintés à l'aide d'écorce de pin, pour être vendus comme étant des gassaâ en noyer. La teinte disparaît rapidement à la suite d'une courte période d'usage.


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