Résumé de la 20e partie n Une fois qu?il eut mangé à satiété, Alishar vit approcher les gardes qui l?informèrent respectueusement du désir du roi de lui parler. Présenté devant le roi, il s'inclina et embrassa la terre entre les mains du roi, qui lui demanda, d'une voix tremblante et fort douce : «Quel est ton nom, ô tendre jouvenceau ? Quel est ton métier ? Et quel motif t'a obligé à quitter ton pays pour ces contrées lointaines ?» Il répondit : «O roi fortuné, je m'appelle Alischar fils de Gloire, et je suis un d'entre les enfants des marchands, dans le pays de Khorassân. Ma profession était celle de mon père, mais il y a longtemps que les calamités m'y firent renoncer. Quant au motif de ma venue dans ce pays...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Mais lorsque fut la trois cent vingt-neuvième nuit, elle dit : «... Quant au motif de ma venue dans ce pays, c'est la recherche d'une personne aimée que j'ai perdue, et qui m'était plus chère que ma vue et mon ouïe et mon âme ! Et depuis qu'elle m'a été prise, je vis comme un somnambule ! Et telle est ma lamentable histoire !» Et Alischar, en achevant ces paroles, fondit en larmes et fut pris d'un tel hoquet qu'il tomba évanoui. Alors Zoumourroud, à la limite de l?attendrissement, ordonna à ses deux petits eunuques de lui asperger le visage avec de l?eau de rose. Et les deux petits esclaves aussitôt exécutèrent l?ordre et Alischar revint à lui en sentant l?eau de rose. Alors Zoumourroud dit : «Maintenant, qu'on m'apporte la table de sable et la plume de cuivre !» Et elle prit la table et elle prit la plume et, après avoir tracé des lignes et des caractères et réfléchi pendant une heure de temps, elle dit doucement, mais de façon à être entendue de tout le peuple : «O Alischar fils de Gloire, le sable divinatoire confirme tes paroles. Tu dis la vérité. Aussi je puis te prédire que bientôt, Allah, te fera retrouver ta bien-aimée ! Que ton âme s'apaise et que ton c?ur se rafraîchisse !» Puis elle leva la séance et ordonna aux deux petits esclaves de le conduire au hammam et de le revêtir après le bain d'une robe de l'armoire royale, de le faire monter sur un cheval des écuries royales et de le lui ramener à l'entrée de la nuit ! Et les deux petits eunuques répondirent par l'ouïe et l'obéissance et se hâtèrent d'exécuter l'ordre de leur roi. Quant aux gens du peuple, qui avaient assisté à toute cette scène et entendu les ordres donnés, ils se demandèrent les uns aux autres : «Quel motif secret a donc poussé le roi à traiter ce joli jouvenceau avec tant d'égards et de douceur ?» D'autres répondirent : «Par Allah ! le motif est tout indiqué : le garçon est fort beau !» Et d'autres dirent : «Nous avions prévu ce qui allait se passer, rien qu'en voyant le roi le laisser assouvir sa faim à ce plateau de riz à la crème douce ! Ouallah ! nous n'avions jamais entendu dire que le riz à la crème pût produire de pareils prodiges !» Et ils s'en allèrent, chacun donnant son avis ou lâchant un bon mot. Quant à Zoumourroud, elle attendit avec une impatience inimaginable l'entrée de la nuit, pour pouvoir enfin s'isoler avec le bien-aimé de son c?ur. Aussi à peine le soleil eut-il disparu et les muezzins eurent-ils appelé les croyants à la prière, que Zoumourroud se déshabilla et s'étendit sur sa couche, ne gardant pour tout vêtement que sa chemise de soie. Et elle abaissa les rideaux, pour être dans l'ombre, et ordonna aux deux eunuques de faire entrer Alischar qui attendait dans le vestibule. Quant aux chambellans et aux dignitaires du palais, ils ne doutèrent plus des intentions du roi en le voyant traiter de cette façon inaccoutumée le bel Alischar. Et ils se dirent : «Il est maintenant bien certain que le roi est épris de ce jouvenceau. Et sûrement demain, il le nommera chambellan ou général d?armée !» Et voilà pour eux. (à suivre...)