Préoccupation n La Fondation Casbah s?inquiète pour l?avenir de cette cité millénaire, qui tombe en ruines. Les membres de la Fondation Casbah ont tenu, jeudi, à la Cité des sciences et de la culture, une réunion au cours de laquelle ils ont exposé la situation et fait un état des lieux. «On n?a pas abouti à des résultats positifs», se désole Ali Mebtouche, président de la fondation Casbah. Et de dénoncer : «On est face à une administration qui est à l?écoute de ce qui l'arrange. La Casbah est un malade auquel on a refusé les soins.» Cependant, «nous continuons à défendre la Casbah. On n?a ni droit de baisser les bras ni de se taire», dira-t-il. De son côté, Ali Haroun, lui aussi un enfant de la Casbah, se désole de voir tant d?histoires et des pans de la mémoire d?Alger disparaître ainsi sans qu?il y ait une vraie politique et une action réellement concrète en faveur de sa réhabilitation. Il ne se décourage pas pour autant parce qu?il est, dit-il, d?un optimisme invétéré. Pour Belkacem Babaci, «la Casbah a besoin de tout le monde et non d?une personne». «L?espoir existe parce qu?il reste beaucoup de maisons debout et que l?on peut les sauver», rassure-t-il. «Il y a des initiatives indépendantes ? privées ? qui s?engagent dans la sauvegarde de la Casbah. Ainsi l?espoir est permis», poursuit-il. Les membres de la fondation s?accordent unanimement à dire qu?il y avait une volonté politique au temps du gouvernorat d?Alger (à sa tête l?actuel ministre de l?Environnement et de l?Aménagement du littoral Cherif Rahmani). Un plan d?action a été fait. Des initiatives ont été entreprises entre 1997 et 2000, mais, depuis, la démarche consistant à aboutir au traitement, à la restauration ainsi qu?à la revalorisation du tissu urbain de la Casbah, a été stoppée, à la dissolution du gouvernorat. «Il y avait une volonté, un plan d?action, il existait un budget, mais tout a été arrêté au niveau des décisions politiques. On devait collecter des millions de dollars à cet effet, mais il y avait des myopes politiques qui ont décidé de tout bloquer», s?indigne M. Babaci. «Nous avons accumulé autant de retards que de pertes. Nous avons perdu depuis, plusieurs centaines de maisons.» La Casbah a connu depuis l?indépendance un processus de récupération, donc de réhabilitation de la ville. Il se trouve qu?aujourd?hui, et à défaut de politique édifiante et surtout d?absence de volonté, ce plan d?action a échoué. l La problématique que suscite la sauvegarde de la Casbah soulève une interrogation : y a-t-il une vraie responsabilité de tous les acteurs dans la protection de ce patrimoine ? Les instances concernées, notamment le ministère de la Culture, ne cessent, en effet, de mettre en exergue l'importance du rôle que doivent assumer et assurer tous les acteurs concernés pour garantir la réussite de la stratégie en matière de prise en charge du patrimoine culturel. Elles ne cessent également de rappeler que les secteurs concernés sont appelés à coordonner leurs efforts pour conférer davantage d'efficacité à cette stratégie de réhabilitation faisant ainsi une halte pour l'évaluation de la situation ? ou des réalisations s?il y en a eu ? dans le cadre de cette stratégie et la définition des étapes à suivre en matière de préservation du patrimoine culturel. La volonté existe, mais elle n?est ni canalisée ni concrétisée, car les ambitions ne sont pas les mêmes et les humeurs politiques interfèrent dans cette démarche de sauvegarde. En dépit de ces discours si prometteurs, la réalité demeure la même : les initiatives en faveur de la Casbah continuent d'être compromises ? à croire que c'est prémédité ? par une administration incompétente et une bureaucratie tenace et ravageuse.