Attitude n L'audience du procès de Saddam s?est tenue en l?absence du président déchu et de quatre de ses coaccusés, et avec des avocats commis d'office. Dès les premiers moments de l'audience, Saddam Hussein et trois des principaux accusés ont quitté le tribunal ou ont été expulsés, et tous les avocats de la défense se sont retirés. Les quatre accusés les moins connus se sont ainsi retrouvés seuls, défendus par des avocats commis d'office. La reprise, hier dimanche, du procès de l'ancien président Saddam Hussein à Bagdad a été, ainsi, agitée, émaillée de vifs échanges entre des accusés et le nouveau juge. Saddam s'est lancé dans une attaque en règle contre le tribunal, lui refusant toute légitimité et n'acceptant pas que le juge lui donne des instructions. «C'est un tribunal américain», s'est écrié le président déchu pour se faire contredire par le juge, qui a rétorqué que sa juridiction était «un tribunal irakien né d'une décision irakienne». «Non, pas irakienne, américaine !» a insisté l'ancien président irakien. Les échanges entre Saddam Hussein et son juge ont été vifs. «J'ai pratiqué le droit au cours des 35 dernières années. Je connais mes droits et ceux des autres. Les accusés sont innocents jusqu'à ce que leur culpabilité soit prouvée. C'est ce qu'on nous a enseigné à la Faculté de droit quand nous étions étudiants», a notamment affirmé le président déchu. «Nous rejetons quiconque sera désigné par vous», a-t-il dit à propos de l'avocat désigné d'office pour l'assister. Saddam Hussein a poursuivi en s'adressant au juge : «Je vous respecte en tant qu'Irakien, sauf si vous avez renoncé à votre identité irakienne», avant de demander à quitter la salle et d'entendre le juge lui dire : «Vas-y.» Saddam s'est alors énervé : «J'ai dirigé le pays pendant 35 ans et vous m'ordonnez de sortir.» Le président du tribunal a répondu : «Je suis le juge, vous êtes l'accusé et vous devez m'obéir.» L'ancien président en colère a ensuite dit : «Vous êtes Irakien. Vous ne pouvez pas me donner des ordres sur ce ton. Je vous ai gouverné pendant 35 ans.» Le nouveau juge kurde Raouf Rachid Abdel a fait montre de fermeté et a marqué de son empreinte la conduite des débats après la démission controversée de son prédécesseur Rizkar Amine qui avait été critiqué pour un prétendu laxisme à l'égard des accusés. Ferme et précis, le nouveau juge était strict, ne tolérant aucune réclamation de Saddam Hussein et de ses sept coaccusés. Au début de l'audience, Barzan Al-Tikriti, demi-frère de Saddam Hussein et ancien chef des services de renseignements, a entrepris de faire une longue déclaration sur son état de santé lorsque le juge lui a demandé de se taire. L'accusé continuant à parler, le juge a demandé aux gardes de l'expulser. Le nouveau juge a adressé alors une mise en garde aux autres accusés : «Sachez que vous avez le droit de prendre la parole. Mais les discours politiques n'ont pas de place dans cette enceinte», a-t-il dit. «Tout accusé, a-t-il poursuivi, qui outrepasserait ces limites ou porterait atteinte à l'autorité du tribunal ou d'un de ses membres, sera expulsé et son procès se poursuivra selon la loi comme s'il était présent.»