"Déception"De l?amour à la haine, il suffit parfois d?un pas. Des belles promesses ne restent alors qu?amertume, regrets et ranc?urs. Samia, 26 ans, diplômée en architecture, enseigne dans un CEM de la ville Son divorce vient juste d?être prononcé. «C?était pourtant un mariage d?amour. Je connaissais Rafik depuis le lycée. Nous avons fait nos études dans la même université. A la fin de notre parcours universitaire, nous nous sommes mariés et avons occupé un petit studio. Les quatre premiers mois étaient merveilleux, bien que je fusse au chômage»; Samia se tait un moment, et son visage pâle se durcit : «Puis il commença à perdre sa gentillesse, devint irritable, plus brutal. Il rentrait tard le soir sans me donner d?explication, m?évitait... Je ne fus pas longue à découvrir qu?il y avait une autre femme dans sa vie. J?ai tout fait pour le reconquérir. Sur les conseils de ma mère, j?eus recours aux «chouafate», j?étais prête à tout pour le reconquérir. Mes beaux-parents, qui ne m?aimaient pas beaucoup, car j?avais exigé de vivre seule avec mon mari, prirent le parti de l?autre, et bientôt, mon mari me poussait visiblement dehors. Chaque jour, mes parents m?envoyaient de la nourriture, et j?essayais de tenir bon. Et puis, un beau matin, désespérée, j?ai repris définitivement le chemin du domicile paternel. J?étais profondément blessée et j?ai dû faire face aux regards et aux bavardages des voisins. Je suis restée cloîtrée pendant deux mois, me laissant aller complètement. Puis, j?ai décidé d?accepter le divorce par consentement mutuel que mon mari me proposait avec insistance par le biais de son père. Ma haine et mon désir de vengeance se sont éteints petit à petit, mais j?ai perdu toutes mes illusions, et plus jamais je ne ferai confiance à un homme.» Rabia, 45 ans, est divorcée depuis 6 ans Mère de 2 enfants, 8 et 15 ans, elle habite un petit deux-pièces dans un quartier très populeux. Elle est femme de ménage chez un médecin : «Heureusement, le logement est à moi, il n?a pas pu nous mettre dehors, mes enfants et moi.» Ayant perdu son emploi à la suite d?une compression, son mari s?adonnait à la drogue, et elle a dû se résigner à demander le divorce : «Il devenait très dangereux dans ses moments de crise, et je craignais pour ma vie et celle des mes enfants.» Aujourd?hui, il vient la relancer jusque chez elle, et elle a dû déposer plainte «mais il continue à me menacer et je vis dans la terreur. Il déclare qu?il a le droit de voir ses enfants». Pour Brahim, 60 ans, c?est l?alcool qui a détruit son ménage il y a plus de 12 ans Ancien chauffagiste professionnel il gagnait très bien sa vie, on l?appelait «Les mains d?or». A 48 ans, de mauvaises fréquentations le conduisent peu à peu aux boissons et aux femmes. Il rentrait ivre presque chaque soir. Il avait le vin mauvais et un matin sa femme couverte de bleus et un bras cassé, le quitte, emmenant ses deux enfants âgés de 12 et 7 ans. Elle obtint le divorce grâce à de nombreux certificats médicaux. Elle s?est remariée depuis, mais lui n?a jamais pu refaire sa vie. Il a perdu son travail, son logement, ses amis. Aujourd?hui, il est SDF et envisage de finir sa vie à l?hospice de vieillards.