InfoSoir : L?Ordre des architectes a dressé un bilan sur le vieux bâti et sur tout ce qui est lié à l?urbanisation. Quel est votre objectif ? Kherredine Ladjouz : L?Ordre des architectes a décidé de faire ce travail pour le présenter aux autorités. L?urbanisation à Alger est un conglomérat de n?importe quoi. Il se veut une analyse critique. D?abord c?est un apport pour les professionnels qui n?ont jamais été associés à la gestion de la ville d?Alger, soit au sein du comité de l?urbanisme, soit dans le jury des grands projets structurels, par le passé. Notre participation en masse aux travaux de confortement du vieux bâti, au lendemain du séisme de mai 2003, que je qualifie de bricolage et tous les problèmes rencontrés dans le cadre de notre mission, a permis de se rendre compte de la situation. Une première mouture a été remise à l?ex-wali d?Alger. Nous avons été rabroués et même expulsés de la salle de réunion. La vérité n?est pas bonne à entendre. Nous avons donc approfondi les études, présentées par M. Zobiri, président de la commission composée des personnes chargées de la gestion de la ville. Qu?en est-il ? S?il y a un séisme similaire à celui de 2003, 80% du vieux bâti partira. Ce vieux bâti fait partie de notre mémoire. Les enjeux économiques et culturels sont très importants. Justement, vu ces enjeux, la valeur de l?enveloppe nécessaire à sa réhabilitation et son entretien a-t-elle été évaluée ? Non, c?est compliqué à évaluer. Il existe des cas de construction unique en leur genre, dont la valeur est inestimable. Cela nécessite beaucoup de recherche et de collaboration avec le CTC (Centre technique de contôle). Ces constructions nécessitent une réparation et non un confortement. Le vieux bâti s?inscrit dans les projets d?avenir. Qu?en est-il ? Avec le nouveau wali d?Alger, l?ordre des architectes participe au comité de pilotage du plan d?aménagement du littoral d?Alger. Les appels d?offres sont lancés et nous avons donné nos indications pour le cahier des charges afin d?étudier les marchés. Il s?agit de tout le littoral algérois de Aïn Taya, à l?est, à Club-des-Pins, à l?ouest. Comment Alger redécouvrira-t-elle sa côte ? Actuellement, Alger donne le dos à la mer. Dans le nouveau plan, elle fera face à la mer, d?où sa splendeur. Nous intervenons sur deux chantiers d?envergure : le million de logements et la préservation du vieux bâti. Il s?agit d?un problème d?organisation.