La découverte de Perkin va susciter l?intérêt d?autres savants. A cette époque, on ne connaissait pas encore la formule des produits que l?on obtenait et on devait travailler au hasard ; puis, peu à peu, la chimie va réaliser des progrès et permettre une meilleure connaissance des phénomènes et des produits ainsi que la réalisation de nouveaux colorants de synthèse. Après la découverte de la mauvéine par les Anglais, ce sont les Allemands qui vont réussir un autre exploit en mettant au point l?alizarine, synthèse de la garance, réalisée en 1868 par Graebe et Liebermann. La société Basf (qui existe toujours) va la commercialiser, inonder le marché, concurrençant sévèrement le marché traditionnel de la garance. Le gouvernement français va soutenir un temps ses producteurs, mais il finit par lâcher : la garance de synthèse est plus abondante et meilleur marché que le produit naturel. En 1878, la production française de garance était de 500 tonnes alors que celle des Allemands s?élevait à 30 000 tonnes ! En 1890, un autre Allemand, Heumann, réédite l?exploit en mettant au point un indigo de synthèse. La firme Basf, qui commercialise le produit, va ruiner cette fois-ci l?industrie anglaise. Le gouvernement anglais, comme naguère le gouvernement français pour la garance, va tenter de soutenir les producteurs d?indigo naturel et privilégier ce produit, mais le colorant de synthèse gagne du terrain. Alors qu?en 1897, l?Angleterre vendait 10 000 tonnes d?indigo naturel et l?Allemagne seulement 600 tonnes d?indigo de synthèse, la tendance s?inverse en 1911 : 870 tonnes pour l?Angleterre et 22 000 pour l?Allemagne !