Imbroglio n Débrayage dans les écoles et dans les universités, menace de la tutelle et fermeture de plusieurs écoles. L?enseignement en Algérie a connu un mois des plus tumultueux. S?il y a un sujet, outre celui de la grippe aviaire, qui s'impose au centre de tous les débats actuellement, c?est bien celui du malaise et du bouillonnement que connaît le secteur de l'enseignement dans ses différents paliers, de l'école jusqu'à l'université. La fermeture de 42 établissements privés pour «non-conformité avec la loi» à la suite d?une décision irrévocable de la tutelle a été le «clou» de ces derniers jours. D'autant que cette mise sous scellés des établissements réfractaires, se trouvant essentiellement à Alger et à Tizi Ouzou, est intervenue à l'approche des examens. Si les parents d?élèves crient au scandale, la tutelle rassure et promet que les élèves auront tout le temps de réintégrer d'autres écoles privées ou publiques et préparer du coup les examens. Peu avant cette mesure, la seconde moitié de février avait été marquée par les débrayages. Les enseignants des lycées et collèges avaient entamé une grève de trois jours à l'appui de revendications salariales, ignorant un jugement du tribunal administratif déclarant le mouvement «illégal». Le ministère avait estimé à 24% le taux de suivi de cette grève, «tous cycles confondus au niveau national». Les syndicats parlaient, eux, d?un taux record de 100%. Certains établissements étaient totalement fermés, mais d'autres fonctionnaient normalement, selon des sources enseignantes. Dans d'autres régions du pays, la grève a été également diversement suivie. L'appel à la grève, auquel s'est jointe l'Union des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), a été lancé par une «coordination intersyndicale», regroupant des syndicats autonomes d'enseignants, notamment le Cnapest et le CLA, non reconnus par les autorités, qui refusent de dialoguer avec eux. En réponse aux doléances exprimées expressément, le ministère avait réitéré que les augmentations de salaires sont du «ressort exclusif de l'Etat», rappelant que des négociations étaient en cours pour une refonte du statut de la Fonction publique dont dépendent les enseignants. Cependant, dans sa déclaration lors de la célébration du 50e anniversaire de l?Ugta, le 23 février dernier, Abdelaziz Bouteflika a explicitement déclaré qu?il n?y aurait pas d?augmentation de salaires qualifiant les impatiences des uns et des autres de «justifiées», mais d?«impromptues» Enfin, dans les campus, le débrayage annoncé par l?intersyndicale s?est heurté à la décision de la justice rendant la grève illégale. Le Cnes a, de ce fait, gelé son action et s?est dit prêt à se plier à la décision souveraine de la justice. Les enseignants et les syndicalistes, eux, ont évoqué de graves dérives de la part des responsables des établissements qui auraient été sommés par la tutelle de resserrer l?étau sur les contestataires. Ce n?est apparemment qu?un petit intermède ou plutôt une trêve entre les belligérants qui pourront bien reprendre plus tard les hostilités, avec les étudiants comme boucliers.