Décisif n L'exécutif de l'AIEA réexamine, ce lundi, à Vienne, le dossier nucléaire iranien, en prélude probable à une convocation du Conseil de sécurité de l'ONU, d'autant que Téhéran clame son droit à enrichir l'uranium à petites doses. Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) va constater cette semaine que, comme l'indique un rapport du directeur de l'AIEA Mohamed El-Baradei, l'Iran ne s'est pas conformé à une demande du 4 février de suspendre toutes ses activités liées à l'enrichissement de l?uranium. Il avait alors donné un mois à l'Iran pour répondre à ces exigences en demandant qu'il n'y ait pas de mesures prises à New York jusqu'au 6 mars. Mais Téhéran a lancé, depuis, un enrichissement à très petite échelle à Natanz (centre) dans un but déclaré de «recherche». Les Occidentaux refusent car cette technique permet à terme d'obtenir la charge d'une arme nucléaire. Une nouvelle résolution des 35 pays de l'Exécutif de l'AIEA semble improbable, faute de consensus entre Occidentaux, Russes, Chinois et Indiens. L'Iran insiste sur son «droit» à poursuivre l'enrichissement à petite échelle, ce qui a fait capoter vendredi d'ultimes discussions avec les Allemands, les Britanniques et les Français impliqués depuis 2004 dans la crise. Le principal négociateur du nucléaire iranien, Ali Larijani, a même laissé entendre que son pays pourrait utiliser l'arme pétrolière en cas d'escalade si les pressions internationales affectaient son pays. Le chef de la délégation iranienne Javad Vaïdi a exposé la position de son pays dimanche soir : l'Iran propose un compromis, incluant le respect des recherches sur l'enrichissement, mais ne craint pas la confrontation s'il y a renvoi à New York. «Dans notre région, ceux qui savent se bagarrer sont aussi ceux qui savent faire la paix», a-t-il dit. «Nous voulons éviter le Conseil de sécurité de l'ONU. L'envoi de notre dossier au Conseil n'est pas la fin du monde, mais ce sera le déclenchement par les Occidentaux d'un processus de confrontation. Ce qui portera atteinte à nos intérêts, mais aussi à leurs intérêts. Cela n'est dans l'intérêt de personne et rendra incontrôlable la situation», a ajouté M. Vaïdi. Selon lui, «si les Européens choisissent d'impliquer le Conseil de sécurité, ils transforment le dossier nucléaire iranien qui est une question politique en une question sécuritaire. Dans ce cas, notre réaction sera conforme à cette nouvelle situation», a-t-il déclaré. Le responsable iranien a lancé: «L'Occident connaît notre influence dans la région notamment en Irak, en Palestine, au Liban et en Afghanistan. Nous espérons que leur décision (dans l'affaire nucléaire) ne portera pas atteinte à nos intérêts communs de maintenir le calme et la stabilité dans la région», a ajouté M. Vaïdi. Le président français Jacques Chirac a assuré dimanche que la main restait tendue à l'Iran qui peut, «à tout moment, la saisir en revenant à ses engagements de suspension de ses activités sensibles». Les Etats-Unis voient dans la réunion de Vienne un «prélude» à celle du Conseil de sécurité de l'ONU qu'ils appellent de leurs v?ux depuis des mois.