Résumé de la 22e partie n C?est enfin l?affrontement entre l?armée de Scharkân et celle du roi Aphridonios. La première bataille dura jusqu?à la tombée de la nuit. Alors Scharkân dit : «O compagnons, vous savez que toute ma vie j'ai navigué sur la mer des batailles sonores où s'entrechoquent les flots des glaives et des lances ; et j'ai combattu bien des héros ; mais je n'ai encore jamais trouvé d'hommes aussi intrépides, de guerriers aussi valeureux, et de héros aussi virils que ces adversaires !» Alors ils lui répondirent : «Prince Scharkân, ta parole est la vérité ! Mais, en outre, sache qu'il y a, parmi ces guerriers chrétiens, leur chef qui est le plus admirable parmi eux tous et le plus héroïque. Et de plus, chaque fois que l'un de nous tombait entre ses mains, il se détournait pour ne pas le tuer et le laissait échapper à la mort !» A ces paroles, Scharkân fut dans une grande perplexité ; puis il dit : «Au jour de demain, nous nous alignerons et nous les attaquerons, car nous sommes cent contre cent. Et nous demanderons au Maître du ciel la victoire !» Et sur cette résolution, ils s'endormirent tous cette nuit-là. Quant aux chrétiens, ils se réunirent autour de leur chef et lui dirent : «Nous n'avons vraiment pas pu, aujourd'hui, venir à bout de ceux-là !» Et il leur dit : «Mais demain nous nous alignerons et nous les terrasserons l'un après l'autre !» Et sur cette résolution, ils s'endormirent également. Aussi dès que brilla le matin ? et qu'il éclaira le monde de sa lumière et que se leva le soleil indifféremment sur le visage des pacifiques et des guerriers, et qu'il salua Mohammad, ornement de toutes choses belles ? le prince Scharkân monta sur son cheval, s'avança entre les deux rangs de ses cavaliers alignés et leur dit : «Voici que nos ennemis sont en ordre de bataille. Lançons-nous sur eux, mais un contre un. Et d'abord, que l'un de vous sorte du rang et, d'une voix haute, qu'il aille inviter l'un des guerriers chrétiens à un combat singulier. Puis chacun à son tour affrontera la lutte de la sorte.» Alors, l'un des cavaliers de Scharkân sortit des rangs et poussa son cheval vers l'ennemi et s'écria : «O vous tous ! parmi vous y a-t-il un combattant, y a-t-il un champion assez intrépide pour accepter aujourd'hui la lutte avec moi ?» A peine avait-il prononcé ces mots que, d'entre les chrétiens, sortit un cavalier entièrement couvert d'armes et de fer, et de soie et d'or ; et il était monté sur un cheval gris, et avait un visage rose aux joues vierges de poil. Et il poussa son cheval jusqu'au milieu de la lice, et, l'épée haute, il se précipita sur le champion musulman, et rapide, d'un coup de lance, il le désarçonna et le força à se rendre et l'emmena, humble prisonnier, au milieu des cris de victoire et de joie des guerriers chrétiens. Et aussitôt un autre chrétien sortit des rangs et s'avança au milieu de la lice à la rencontre d'un autre musulman qui y était déjà et qui était le frère du captif. Et les deux champions engagèrent la lutte ; et elle ne tarda pas à se terminer par la victoire du chrétien ; car, profitant d'une faute du musulman qui n'avait pas su parer, il lui assena un coup de pommeau de lance qui le désarçonna et il l'emmena captif. Et l'on continua de la sorte à se mesurer, et chaque fois la lutte se terminait par la capture d'un musulman vaincu par le chrétien, et cela jusqu'à la tombée de la nuit et la capture de vingt guerriers d'entre les musulmans. (à suivre...)