Influence n A la page, de plus en plus d?adolescents algériens sont aujourd?hui sous l?emprise des marques made in. Nike, Paco Rabanne, Puma, Levi?s Strauss, Swatch, Tag Huer? de griffe ou de contrefaçon, sont dans les présentoirs, par terre, sur les étals, dans les pubs, à la télévision et même à l?école. Difficile de les ignorer. La tentation est si grande que la mode est devenue, par la force des choses, une façon d?être tout à fait banale, même si elle concerne directement l?ego et alimente outrageusement le narcissisme. Autrement dit, une affirmation de l?individu et, par extension, de tout un groupe. S?habiller, pour un ado de chez nous, ce n?est plus seulement renouveler sa garde-robe, mais plutôt une revendication sociale, pensent les sociologues. «J?appartiens à cette équipée», semblent affirmer nos jeunes et préfèrent l?habit à la mode et la gestuelle aux mots qu?ils n?ont pu assimiler à l?école pour une raison ou une autre. Le look sportif est très courant, car il concerne une génération dite speed et qui se distingue du look sage et classique des adultes, cette frange honnie par les jeunes, car coupable à leurs yeux d?être responsable de la situation actuelle. Même les adeptes du qamis changent de look au gré des allers-retours Alger-Istanbul-Djedda et des cabas bourrés de marchandises ramenés par les beznassia, eux aussi, au courant des fluctuations du marché local et des desiderata des uns et des autres. A Laâqiba, Bachedjarah, Bab El-Oued ou Hussein Dey, les revendeurs étalent à même le sol des produits venus d?horizons divers. Chômeurs, diplômés, travailleurs font la même chose : ils «naviguent». Un terme qui veut dire se démener comme un diable pour avoir de l?argent. Cet argent qui leur permettra d?acheter plus tard la «griffe». La rue s?avère donc être le véritable creuset de la création, et comme l?a écrit un sociologue français, la mode devient «un instrument de l?égalité des conditions». La jeunesse actuelle a beaucoup d?audace. Tant au niveau de l'attitude qu'au niveau vestimentaire. Cette jeunesse-là sait, en définitive, ce qu?elle veut. Les professionnels de la mode n'ont qu'à bien se tenir! Les ados sont dévorés par la consommation de marques prestigieuses, même celles provenant de la contrefaçon. La connaissance des marques, l'engouement qu'elles provoquent concernent tous les enfants, qu'ils habitent Bab El-Oued ou Aïn Naâdja, Gambetta ou Sidi Rached. La fascination pour la consommation s'affranchit des frontières sociales.