Impact n Même si pour le moment aucun cas de grippe aviaire n?a été signalé chez nous, la psychose de l?épidémie a causé un énorme préjudice aux éleveurs de volaille. La filière avicole a, depuis quelques mois, entamé sa descente aux enfers et se trouve aujourd?hui plus que jamais menacée de disparition. Des centaines de poulaillers à travers le territoire national sont, en effet, désertés et un bon nombre de petits éleveurs, brisés par les pertes et un lourd fardeau de dettes accumulées, ne comptent pas reprendre l?activité de sitôt. Organisés autour de la coordination nationale, les différents opérateurs de la filière avicole (éleveurs, accouveurs, fabricants d?aliments) sollicitent le soutien financier des pouvoirs publics, comme cela s?est fait dans les pays où le secteur a traversé une crise similaire. Ils réclament des allégements fiscaux pour ceux qui continuent à exercer en dépit de la crise actuelle et des subventions au profit de ceux qui ont baissé rideau pour leur permettre de reprendre. Une délégation représentant la coordination a été reçue, la semaine dernière, par des responsables au ministère de l?Agriculture et du Développement rural qui leur ont promis, selon nos interlocuteurs, de prendre en charge leurs doléances. Les victimes «indirectes» du H5N1 se disent prêtes à ?uvrer, pacifiquement, pour «arracher leurs droits». L?absence d?une stratégie efficiente de communication et de sensibilisation a laissé libre cours à la rumeur qui a poussé les citoyens à boycotter la consommation de la viande blanche. L?un de nos interlocuteurs a déploré le mutisme des officiels. Il est vrai que des assurances ont été données par certains d'entre eux, notamment le ministre de la Santé, sur l'absence de tout danger de consommer du poulet, mais aucun de nos responsables n?a pensé à le faire sous les projecteurs des caméras comme cela est le cas, depuis quelques semaines, pour le Premier ministre turc, suivi des ministres français et allemands. Un geste pareil aurait pu convaincre les citoyens que la consommation de la viande blanche, cuite, ne représente aucun risque sur leur santé et empêcher, par conséquent, la chute des prix, principal facteur de la faillite d?une grande partie d?éleveurs. L?Etat est appelé aujourd?hui à soutenir ses éleveurs dans leur crise actuelle pour garantir la survie d?une filière, peut-être la seule, qui satisfait pleinement les besoins du marché local et éviter l?importation de la viande blanche.