La coordination nationale des professionnels de la filière avicole s'est réunie hier. Le poulet va encore prendre ses ailes pour se faire désirer. Les prix, qui sont déjà élevés, vont connaître une hausse vertigineuse dans les mois à venir et ce, en raison de la faiblesse de la production nationale. Intervenant sur ce sujet, hier sur les ondes de la Chaîne III, M.Taha Ben Hamza, membre de la coordination nationale des professionnels de la filière, a fait un constat accablant sur la situation que traverse actuellement l'activité avicole. En effet, depuis l'apparition du syndrome de la grippe aviaire dans certains pays de l'Europe, le secteur avicole connaît une véritable descente aux enfers. Le premier bilan établi, il y a quelques mois, fait ressortir des pertes énormes estimées à plus de 200 millions de dollars. En outre, près de 80% des éleveurs parmi les 150.000 qui existent sur le territoire national ont arrêté leur activité. La situation ne s'arrête pas là. La production nationale, souligne l'invité de la radio, souffre d'un déficit de 5 à 8 millions de poulets par mois. Ce dernier craint le pire et prévoit que d'ici le mois d'octobre prochain, la moitié de la production nationale va disparaître. Donc, non seulement les prix seront élevés, mais le poulet sera introuvable sur le marché. Cette période coïncidera, faut-il le souligner, avec le mois de Ramadan où la consommation du poulet connaît une forte croissance. S'expliquant sur les raisons de cette situation, il dira tout simplement: «Il n'y a pas de renouvellement du cheptel avicole». Le problème qui se pose avec acuité, poursuit-il, c'est que les pays traditionnellement fournisseurs de ces facteurs de production que sont la France et la Hongrie sont en quarantaine depuis l'apparition de la grippe aviaire. Même si l'Onab, selon son P-DG, M.Boukersi, peut fournir le marché en reproducteurs, mais cela ne saura excéder quelques mois. M.Boukersi a déclaré à L'Expression que «si les pays fournisseurs n'ouvrent pas leurs frontières à partir du mois de mai, la filière avicole nationale disparaîtra dès janvier 2007». A en croire les propos du membre de la coordination, les aviculteurs n'ont bénéficié, jusqu'à présent, d'aucune aide de la part des autorités concernées. «Nous n'avons enregistré aucune initiative ni promesse de la part de la tutelle et des compagnies d'assurances», a-t-il indiqué. Ce dernier déplore l'indifférence des autorités concernées tout en rappelant dans ce sens, les garanties de l'Union européenne à l'égard des aviculteurs atteints par cette pandémie. Celle-ci a alloué, faut-il le rappeler, une somme mensuelle de 1800 euros pour chaque aviculteur. Une manière de sauver l'activité avicole. Afin de mieux sensibiliser la tutelle sur le danger qui menace cette activité, les membres de la coordination se sont réunis hier afin de revendiquer un dispositif d'indemnisation pour les aviculteurs en cas d'épidémie de grippe aviaire en Algérie. «Il est temps de penser à des mécanismes d'indemnisation des aviculteurs en cas d'apparition de la maladie», a t-il déclaré avant de conclure.