Résumé de la 29e partie n Pour Abriza, le scandale et la honte sont là, imminents : elle est enceinte. Elle se lamente, mais ses lamentations serviront-elles à quelque chose ? Alors Grain-de-Corail sortit et alla trouver le nègre et lui dit : «O Morose, voici que le jour de ta fortune s'est enfin présenté. Mais pour cela, tu n'auras qu'à faire ce que va te dire ma maîtresse. Viens donc !» Et elle le prit par la main et le conduisit chez la reine Abriza. Lorsque le nègre Morose eut vu la jeune femme, il s'avança et lui baisa les mains. Mais elle sentit que son c?ur le repoussait et son aspect lui déplut grandement ; pourtant elle pensa en elle-même : «La nécessité crée des obligations !» et malgré toute l'horreur qu'elle ressentait, elle lui dit : «O Morose, te sens-tu capable de nous venir en aide et de nous assister dans les coups du temps et nos infortunes ? Et si je te révélais mon secret serais-tu assez discret pour ne pas le divulguer ?» Alors le nègre Morose, qui à la seule vue d'Abriza avait senti l'amour enflammer son c?ur, dit : «O ma maîtresse, je ferai tout ce que tu me commanderas !» Et Abriza dit : «Je te demande, dans ce cas, de nous préparer à l'instant deux mulets pour porter nos bagages et deux chevaux pour nous, et de nous faire sortir d'ici, moi et mon esclave-ci, Grain-de-Corail. Et je te promets que, dès que nous serons arrivés tous les trois dans notre pays, je te marierai avec la plus belle d'entre les Grecques, avec celle que tu choisiras. Et nous te comblerons d'or et de richesses. Et si tu désires ensuite retourner dans ton pays, nous t?y renverrons comblé de dons et de bienfaits.» A ces paroles, le nègre Morose se dilata d'une considérable dilatation et s'écria : «O ma maîtresse, je vous servirai toutes deux avec mes deux yeux ! Et je partirai avec vous, certes ! Et je vais tout de suite vous préparer les montures et tout ce qu'il faut !» Puis il sortit en pensant en lui-même : «Quel butin et quelle chance ! Certes je vais me réjouir et me délecter de la chair de ces deux lunes ! Et si l'une d'elles me repoussait, je la tuerais ! Et je volerais toutes leurs richesses !» Et, bien résolu à la chose, il fit tous les préparatifs nécessaires ; et tous les trois purent sortir sans être remarqués, malgré l'état de la reine Abriza. Mais la reine Abriza, qui souffrait des douleurs de l'enfantement, fut obligée, dès le quatrième jour, de s'arrêter dans le voyage. Et, ne pouvant plus en endurer davantage, elle dit au nègre : «O Morose, aide-moi à descendre de cheval car mes douleurs deviennent intolérables, et c'est la fin !» Et elle dit à Grain-de-Corail : «O Grain-de-Corail, descends de cheval, toi aussi, et viens te mettre au-dessous de moi pour m'aider à accoucher !» Mais, une fois tous trois descendus de cheval, le nègre Morose, à la vue des appâts de la reine, fut dans un extrême état d'excitation. Et il lui dit : «O ma maîtresse, laisse-moi, de grâce, t'approcher !» A ce moment de sa narration, Shahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, elle renvoya la suite du récit au lendemain. Elle dit : Il m'est parvenu, ô Roi fortuné, que l'horrible nègre Morose dit à la reine : «O ma maîtresse, de grâce, laisse-moi t?approcher !» (à suivre...)