En dépit du succès retentissant de la grève des enseignants du secondaire, le ministère de l?Education nationale n?a pas montré des dispositions réelles à nouer le dialogue avec les grévistes du Conseil des lycées d?Alger (CLA) ni avec ceux du Conseil autonome des professeurs du secondaire et technique (Cnapest), arguant que ces organisations sont illégales du fait qu?elles n?ont pas obtenu leur agrément. Boubakeur Benbouzid ne rate jamais une occasion pour le rappeler. Intervenant récemment sur les ondes de la Chaîne III, il a déclaré que «le mouvement de grève est illégal» et que «la loi va être rigoureusement appliquée». Mais Tayeb Louh, ministre du Travail, département qui a en charge les syndicats, a désavoué ces propos. Répondant à la question de savoir si la grève des enseignants du secondaire était illégale, le ministre du Travail, qui intervenait lors d?un séminaire regroupant des cadres centraux de l?Inspection du travail, a affirmé : «C?est à la justice de décider si une grève est légale ou non», a rapporté hier le quotidien Le Matin. «Ni mon département ni le gouvernement n?ont les prérogatives de supprimer un droit de citoyen qui est déjà protégé par la Constitution» a-t-il ajouté. Tayeb Louh a même laissé entendre qu?une organisation n?ayant pas obtenu l?agrément pourrait recourir au débrayage : «En général, les grèves sont déclenchées par des organisations agréées sauf exception», précisant au passage qu?une «grève ne doit être décidée qu?après une assemblée générale des travailleurs, les négociations, la médiation et le dépôt du préavis de grève». Pourtant, les grévistes qui ont répondu à l?appel du CLA et du Cnapest n?ont cessé de lancer des signes conciliants à l?adresse de la tutelle en lui demandant, à défaut d?engager le dialogue avec les structures syndicales, de le faire avec les enseignants. Proposition restée jusqu?à aujourd?hui sans lendemain. Contacté hier, Meziane Meriane, président du Cnapest a indiqué que «l?agrément de son organisation présente dans 33 wilayas est une question de jours». Selon lui, le Cnapest a été amené à déposer pour une seconde fois (22 septembre 2003) son dossier d?agrément au niveau du ministère du Travail après que celui-ci eut émis quelques réserves. Les réserves portent, entre autres, selon Meriane, sur la clause relative à la dissolution. A la formulation «en cas de dissolution du syndicat, les biens matériels doivent échoir à une association caritative», le ministère du Travail a demandé le rajout de «agréé». Pour rappel, le CLA a aussi, de son côté, affirmé qu?il avait déposé un dossier d?agrément.