Tergiversations Sous la pression de l?Europe, les Américains vont présenter un nouveau projet de résolution qui se garde, toutefois, de donner une perspective précise à l?Irak et un rôle plus large à l?Onu. Les Etats-Unis ont indiqué, hier, qu'ils s'apprêtaient à présenter un projet révisé de résolution sur l'Irak visant à préciser «l'horizon politique» pour ce pays, suite à de nombreuses demandes pressantes dans la communauté internationale. Washington souhaite que la présentation de ce texte «se fasse dans les tout prochains jours», a déclaré le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Richard Boucher, sans donner de date. M. Boucher a ajouté que ce projet remanié viserait «à répondre de plusieurs manières au souhait d'autres gouvernements d'avoir une idée de l'horizon politique» en Irak, allusion faite notamment aux demandes de pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, comme la France, l'Allemagne ou la Russie. Cette nouvelle mouture du projet américain, présenté plus tôt en septembre au Conseil de sécurité, doit aussi clarifier «un processus politique que nous voulons tous voir aboutir à un plein transfert d'autorité, en vue d'une souveraineté du peuple irakien sur l'Irak», a-t-il ajouté. Le porte-parole a souhaité que ce texte puisse être formellement adopté avant une conférence des pays et institutions potentiellement donateurs d'aides économiques à l'Irak, prévue les 23 et 24 octobre à Madrid. «Avoir (cette résolution) avant Madrid rendrait certainement les choses plus faciles lors de cette conférence», a-t-il affirmé. L'Irak a été au centre de multiples débats et rencontres, la semaine dernière à New York, à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU, à laquelle ont notamment participé les présidents américain, George W. Bush, russe, Vladimir Poutine, et français, Jacques Chirac, ainsi que le chancelier allemand, Gerhard Schröder. M. Bush, qui a demandé au Congrès une rallonge de 87 milliards de dollars pour l'Irak et dans une moindre mesure pour l'Afghanistan, subit une pression politique croissante pour obtenir davantage de contributions étrangères, en troupes et en argent, mais il n'a, pour l'instant, pas obtenu grand-chose de concret. Le projet de résolution américaine prévoit, sur le plan militaire, la création d'une force multinationale sous mandat de l'ONU et commandement américain. Les tractations diplomatiques achoppent, toutefois, sur le volet politique, de nombreux pays reprochant à ce projet de ne pas donner de perspective précise pour un retour à une souveraineté irakienne à Bagdad, et de continuer à attribuer un rôle limité aux Nations unies. Le secrétaire d'Etat, Colin Powell, a ébauché une ouverture la semaine dernière, en donnant six mois aux Irakiens pour qu'ils rédigent et adoptent une Constitution, en souhaitant que des élections se tiennent courant 2004.