L'opération «Cyclone de lierre 2» se poursuit à Tikrit. Les Etats-Unis souhaitent que les Nations unies jouent un rôle. Après le pic de violence de la semaine dernière - plus de 50 morts parmi les forces américaines et italiennes - une certaine accalmie est observée depuis les dernières 48 heures qui coïncide avec le lancement de l'opération «cyclone de lierre 2» ou, vu autrement, la démonstration de force des troupes d'occupation américaines dans la région de Tikrit, fief du président déchu, Saddam Hussein. Toutefois, hier deux soldats américains ont été tués et deux autres blessés lors d'une attaque au nord de Bagdad. Le commandement américain annonce pour sa part avoir tué six «loyalistes» de l'ancien dictateur irakien, de même que l'arrestation de 99 suspects. En fait de suspects, des centaines d'Irakiens se trouvent présentement aux mains des forces d'occupation de la coalition. Ces hommes présumés appartenir à la guérilla irakienne, sont souvent maltraités de même que les militaires américains ne prennent aucune précaution lorsqu'ils ont affaire à la population locale ce qui fit réagir le ministre irakien des droits de l'Homme, Abdel Bassat Turki, selon lequel «il y a violation des droits de l'Homme sous l'occupation». Ce dernier, dans un entretien avec une agence de presse indique «Nous avons demandé aux Américains de mettre un terme à ces actes, car le citoyen, qui a assez souffert, ne peut plus supporter» ces humiliations. Des dépassements de la part des forces d'occupation ont été constatés notamment lors des fouilles souvent suivies d'agression et d'humiliations. Le ministre irakien affirme que «Le Conseil de gouvernement (transitoire irakien) a abordé ce sujet directement avec la coalition en disant qu'il ne pouvait pas rester silencieux sur ce phénomène qui se répand». Cette violence contre la population est d'autant plus intolérable, estiment les Irakiens, que la coalition américano-britannique est considérée par la résolution 1483 du Conseil de sécurité de l'ONU comme la «puissance occupante» de l'Irak. Justement, les Nations unies qui semblent retrouver un regain d'intérêt aux yeux des Américains vont être sollicitées, pour des objectifs différents, par les Etats-Unis et par le Conseil transitoire irakien. En effet, Washington après ses déboires militaires en Irak semble revenir à de meilleurs sentiments et souhaite voir l'ONU s'impliquer davantage en Irak. C'est ainsi que le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a déclaré, lundi, s'être entretenu de cette question avec le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, indiquant: «J'ai été en contact avec le secrétaire général Annan ces dernières 24 heures pour discuter du rôle que l'ONU pourrait jouer et lui demander comment il entrevoyait la désignation d'un nouveau représentant pour l'Irak.» M.Powell devait souligner ensuite devant la presse: «Nous voulons que les Nations unies jouent un rôle et cela fait partie de notre plan.» Avant sa rencontre avec le chef de la diplomatie américaine, M Annan, avait indiqué de son côté que l'ONU «allait étudier très soigneusement» l'accord intervenu entre les Etats-Unis et le gouvernement transitoire irakien. De fait, les Irakiens sont également intéressés par l'ONU mais dans une autre perspective qui consiste, pour eux, à faire adouber «l'accord» en question par une résolution de l'ONU. C'est ainsi, qu'un membre du Conseil de gouvernement irakien, Mahmoud Ali Osmane a indiqué: «Nous allons envoyer une lettre au président du Conseil de sécurité et au secrétaire général de l'Onu pour leur demander le vote d'une nouvelle résolution au Conseil soutenant l'accord et approuvant le calendrier (du transfert de pouvoir)». Les Etats-Unis échaudés par leurs déconvenues en Irak, se tournent ainsi vers une ONU qu'ils ont longtemps snobée, alors que le Conseil de gouvernement transitoire irakien a besoin des Nations unies pour sa reconnaissance par la communauté internationale. Les temps de la pondération sont-ils enfin venus pour les forces d'occupation en Irak?