Quatre anciens prisonniers britanniques de Guantanamo ont raconté hier leur histoire par vidéoconférence depuis Londres à des Américains réunis à Washington. Shafiq Rasul, Tarek Dergoul, Asif Iqbal et Rhuhal Ahmed, qui ont été détenus pendant deux ans avant d'être relâchés sans qu'aucune charge soit retenue contre eux, ont répondu aux questions, tout en mangeant des chips et buvant du jus d'orange. «Ce fut un moment très dur pour nous», a expliqué Shafiq Rasul. «En fait, c'est comme un zoo. Vous êtes gardé en cage 24 heures sur 24 et les gardiens vous regardent 24 heures sur 24», a-t-il raconté à propos de Guantanamo. Selon lui, des aveux lui ont été extorqués parce qu'il ne supportait pas ses conditions de détention. «Je devenais fou parce que j'étais en isolement depuis trois mois», a-t-il expliqué. Selon Tarek Dergoul, Britannique d'origine marocaine, «Il n'y avait pas d'interrogatoire à Guantanamo» à proprement parler. «C'était un groupe de gamins posant des questions stupides, faisant des remarques stupides», a-t-il dit. «Quelle est votre couleur favorite?», était par exemple le genre de question posée. Un gardien un jour également «s'est assis, a ouvert le Coran et a souri en faisant des commentaires» à propos du livre saint, a-t-il affirmé. Le centre de détention de Guantanamo «n'est pas ce que le régime de Bush raconte», a affirmé Tarek Dergoul. L'histoire de Rhuhal Ahmed, Asif Iqbal et Shafiq Rasul, tous trois d'origine pakistanaise et vivant à Tipton (centre de l'Angleterre), a fait l'objet d'un film The Road to Guantanamo par le Britannique Michael Winterbottom qui a obtenu récemment l'Ours d'argent au festival de Berlin. Le film pourrait être diffusé cet été aux Etats-Unis. En septembre 2001, les trois amis se rendent au Pakistan, pour le mariage d'Asif puis décident d'aller à Kandahar, en Afghanistan, pour apporter, selon eux, leur aide aux populations locales. Là, ils se font capturer et sont soupçonnés d'être liés à Oussama ben Laden.