Au moins pour les quatre décennies à venir, l?occupation du poste de Chef de gouvernement ou d?Etat par une femme dans les trois pays du Maghreb est exclue. Pour le professeur Amine Hartani, chercheur et enseignant à la faculté de droit, l?occupation du poste de Chef du gouvernement ou celui de président d?Etat par une femme dans les trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc) est exclue au moins pour les trois ou quatre décennies à venir. Les lois fondamentales du régime allaouite au Maroc empêche l?occupation du royaume par une femme. En Tunisie et vu la nature du régime instauré par le président Ben Ali, l?accès d?une femme à un poste de haute responsabilité (présidente ou chef du gouvernement) demeure quasi impossible. L?Algérie, qui a adopté le multipartisme depuis plus de 15 ans, ne compte pas de femmes aux positions importantes au sein des partis puissants, ce qui éloigne l?éventualité de voir une femme à la présidence de la République ou à la chefferie du gouvernement. Le taux de représentativité de la femme à l?Assemblée populaire nationale (APN) est de 6,2% et ne dépasse pas les 2,8% au Sénat. En Tunisie, 22% des élus à la première Chambre du Parlement et 5% à la deuxième Chambre sont des femmes. «La révision des deux lois organiques relatives aux élections et aux partis politiques constitue le pilier de toute tendance visant la présence en force des femmes dans les institutions élues. C?est à l?Etat d?inciter les partis politiques à l?insertion des femmes dans leurs listes électorales en contrepartie d?une hausse des subventions qui leur sont attribuées. Il faut également toucher aux textes législatifs liés à la fonction élective en valorisant le statut de la femme par l?introduction du système des quotas aussi bien au niveau national que local», a souligné, hier, le professeur Amine Hartane, enseignant de droit constitutionnel à l?université d?Alger, lors de la journée d?études organisée par le Centre d?information et de documentation sur les droits de l?enfant et de la femme (Crddef) à l?Institut national de la santé publique (Insp). L?évolution constatée dans les pays du Maghreb en matière de la promotion de la femme est survenue à la suite des pressions des nouvelles tendances universelles et les exigences de la mondialisation, ce qui s?avère insuffisant et même ineffectif car «la valorisation des compétences féminines nationales doit s?appuyer sur une réelle volonté politique d?éliminer, d?une manière définitive, le concept de la discrimination positive sur le terrain et non seulement par la ratification des conventions internationales», souligne le conférencier dans sa conclusion d?une recherche d?analyse en droit comparé sur la question. Les femmes sont appelées à exercer leurs droits du suffrage et s?impliquer davantage dans les affaires publiques en vue d?atteindre des positions importantes au sein des institutions de l?Etat, a indiqué, pour sa part, Nadia Aït Zaï, du directoire du Ciddef. Les représentants des partis politiques (FLN, RCD, MDS) ont appelé à la promotion des conditions de vie des femmes algériennes, notamment par la valorisation et la concrétisation de leurs droits à une formation adéquate pour leur permettre de se présenter aux élections de manière efficace. Leur existence au sein des institutions publiques devient ainsi liée aux compétences et non à d?autres considérations «discriminatoires» basées sur des pesanteurs sociologiques et une fausse compréhension de la religion.