Foule n Des manifestations d'une ampleur sans précédent ont secoué plusieurs villes de l?Hexagone. Quelque 2 500 personnes ont été interpellées en France depuis le début de la contestation il y a deux mois sur le contrat-jeunes, dont près de 500, mardi, à Paris, a annoncé ce mercredi la police au lendemain de manifestations de masse dans le pays. Elles ont été suivies dans plusieurs villes par de nouveaux heurts entre les forces de l'ordre et des groupes de casseurs. Pour cette seule journée de mardi, 488 personnes ont été interpellées à Paris et 299 en province, a indiqué le directeur général de la police Michel Gaudin sur la radio privée RTL. Un membre des Compagnies républicaines de sécurité (CRS), les forces d'élite de la police, a été «sérieusement blessé» et hospitalisé mardi à Paris après avoir reçu au visage une «fusée» lancée lors de violents heurts dans la soirée place de la République à Paris. En outre, 31 véhicules ont été incendiés mardi sur tout le territoire, a précisé M. Gaudin, en se prononçant pour «une sévérité plus grande» de la justice face aux casseurs. Interrogé sur une possible reprise des émeutes de novembre dans les banlieues, une éventualité avancée notamment par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, M. Gaudin a répondu : «C'est une de nos craintes, mais nous n'observons pas actuellement une montée des incidents dans les banlieues.» Toujours mardi, tard dans la soirée, les forces de l'ordre ont fait évacuer, notamment à l'aide de canons à eau, les derniers manifestants qui se trouvaient encore place de la République à Paris. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est rendu sur place afin de féliciter les forces de l'ordre qui ont su s'«adapter» pour faire face aux casseurs. La police a compté 1 500 casseurs, pour la plupart venus des banlieues défavorisées, ainsi que quelque 300 militants de la mouvance anarcho-syndicaliste. Accueilli aux cris de «Sarkozy démission !», lancés par la poignée de manifestants toujours présents, le ministre a pris la défense des forces de l'ordre qui avaient été notamment accusées de ne pas avoir empêché les agressions de manifestants par de jeunes casseurs lors des précédentes manifestations contre le CPE. l Les principaux syndicats français ont adressé mardi une lettre commune au président Jacques Chirac pour lui demander «solennellement» une «nouvelle délibération» au Parlement sur la loi qui a instauré le contrat-jeunes. Les appels au président Chirac se multiplient alors que le Premier ministre Dominique de Villepin a de nouveau affiché mardi sa fermeté devant les députés. Le Premier ministre, qui joue son avenir politique sur l'issue de la bataille du CPE, est apparu de plus en plus isolé dans son propre camp où les critiques sur son intransigeance éclatent au grand jour. Signe de la gravité de la situation : le président Chirac a décidé de ne pas s?éloigner cette semaine de Paris. Il a annulé son déplacement au Havre où il devait inaugurer le nouveau port ce jeudi. Par ailleurs il a décidé de s?exprimer dans les prochains jours sur le CPE à l?origine de la fronde.