Colère n Les anti-CPE déterminés à obtenir le retrait pur et simple du texte, malgré les modifications promises par Jacques Chirac. Au cri de «Résistance», de nombreuses villes de France ont été, hier, vendredi, le théâtre de plusieurs manifestations nocturnes, pour dénoncer les propos jugés inacceptables de Jacques Chirac et exiger à nouveau le retrait du Contrat première embauche (CPE). «Qui sème la misère récolte la colère», scandaient des manifestants répondant essentiellement à l'appel de syndicats étudiants et lycéens et de mouvements d?extrême gauche. Ils avaient l'intention de se rendre soit sur les Champs-Elysées, soit aux abords de l'Elysée. Mais plusieurs barrages policiers en ont obligé certains à traverser la Seine pour se masser aux abords de l'Assemblée nationale. L'intervention présidentielle sifflée et suivie de manifestations sauvages dont les slogans, comme «Chirac en prison, Villepin démission», ou «Chirac, on t'emmerde, c'est la rue qui gouverne», visaient, selon les observateurs, avant tout le chef de l'Etat et son Premier ministre. Dans son discours, le président français a tenté de dénouer la crise sur le contrat-jeunes, en annonçant une promulgation de la loi controversée tout en promettant de la faire réviser immédiatement. Malgré ce recul sur le fond, les premières réactions des syndicats et de l'opposition de gauche ont été nettement négatives. Elles ont réitéré leurs exigences d'un retrait pur et simple du CPE et maintenu leur appel à de nouvelles manifestations partout en France le 4 avril prochain. Dans une déclaration solennelle aux Français, Chirac a annoncé qu'il avait «décidé de promulguer cette loi parce que le Conseil constitutionnel l'a jugée en tous points conforme aux principes et aux valeurs de la République, et parce que le Contrat première embauche peut être un instrument efficace pour l'emploi», a-t-il déclaré Assurant après deux mois de manifestations avoir «entendu les inquiétudes qui s'expriment chez de nombreux jeunes et chez leurs parents», Chirac a demandé au gouvernement de préparer immédiatement deux modifications de la loi. «La période de deux ans sera réduite à un an et en cas de rupture du contrat, le droit du jeune salarié à en connaître les raisons sera inscrit dans la nouvelle loi.» Les organisations syndicales et l'opposition ont reproché au chef de l'Etat de n'avoir pas demandé au Parlement une nouvelle délibération du texte et, sur le fond, ont jugé insuffisantes les modifications de la loi annoncées.Pour le dirigeant du Parti socialiste François Hollande, en revanche, le chef de l?Etat a raté une occasion d?apaisement. Quant à François Bayrou, président de l'UDF, il a ironisé, relevant que «c'est la première fois dans l'histoire, à ma connaissance, qu'on promulgue une loi en demandant qu'elle ne soit pas appliquée».