Résumé de la 1re partie n Blessé dans sa chair, il jure de se faire justice. Le responsable de la mort de son fils est un policier conduisant en état d?ivresse... Athanassios, lui aussi, comprend et devine ce qu'il va entendre. D'un mouvement preste, il sort un revolver de la ceinture où il l'avait glissé. Sautant derrière un policier qui se trouve là, il lui passe son bras autour du cou, tout en lui appliquant le canon du revolver sur la tempe. Tout le monde est debout, mais personne n'ose intervenir de peur de déclencher l?irréparable... D'autant plus que le policier, qui est l'otage du père indigné, n'est pas là par hasard. Le soir fatal, il était le passager de Dimitri. Ce soir-là, il ne pouvait pas manquer de remarquer l'état où se trouvait le responsable du drame. Lui aussi, par son silence et sa négligence, est, en quelque sorte, responsable des quatre morts d'adolescents. Traînant son otage avec lui, Athanassios désarme alors un policier qui est en faction à la porte du tribunal. Il oblige celui-ci à ligoter, avec des cordes qu'il a pris la précaution d'apporter avec lui, tout un groupe qui comprend l'accusé, l'autre policier témoin et passager, ainsi que les deux avocats qui, à ses yeux, par leurs plaidoiries vicieuses, sont les complices du chauffard criminel. Athanassios, semble-t-il, ne veut qu'une chose : que le tribunal reconnaisse officiellement que, le soir du drame, Dimitri était complètement soûl. Car au fil des ans, cet élément de la tragédie a été soigneusement gommé par les avocats. Dimitri, selon eux, avait bu normalement, comme chacun boit pour son repas du soir. L'accident serait dû à la fatalité, spécialité grecque depuis la plus lointaine Antiquité, pas du tout à l'inconscience d'un alcoolique... De toute manière il risque, au maximum, quatre ans de prison ferme et, en suivant les voies légales, il a «racheté» ces années de prison en payant une amende de deux millions six cent mille drachmes, c'est-à-dire de soixante-cinq mille francs, ce qui met le cadavre de Georges et ceux de ses amis à seize mille deux cents francs la pièce... Athanassios exige qu'on reconnaisse la pleine responsabilité d'un policier ivrogne... Mais il ne veut pas d'une confidence murmurée à l'intention des quelques personnes présentes et apeurées. Il veut que la presse vienne enregistrer ces aveux, photographier ses otages bien ligotés en petit fagot et qui claquent des dents... Juge, greffier, avocats, tous regroupés dans un coin, s'efforcent de calmer le père fou de douleur. En vain, sa colère semble grossir à vue d'?il. Athanassios, une dernière fois, demande à ce qu'on «dise la vérité», publiquement, officiellement. Il n'obtient rien qui aille dans ce sens. Alors il tire... Athanassios, méthodiquement, systématiquement, sans réfléchir, tire dans le paquet d'otages qui se macule de taches sanglantes. Sans écouter les râles et les gémissements de ses victimes, Athanassios grimpe rapidement l'escalier qui conduit à la tribune surplombant la salle du tribunal. Et, de là, froidement, il continue à tirer sur les juges, les greffiers, les spectateurs. Il blesse gravement cinq personnes qui se disent qu'elles auraient mieux fait de ne pas être là. D'une dernière balle, Athanassios met fin à son chagrin terrestre et à sa colère, tout en se soustrayant définitivement à la justice des hommes. Il part, sans doute l'espère-t-il, pour rejoindre son cher petit Georges dans un paradis céleste qui ne connaît aucun ivrogne chauffard. Quelques jours plus tard, avec toute la dignité et toutes les traditions des funérailles antiques, la famille d'Athanassios, entourée par les familles des trois autres adolescents morts en 1991 l'a enfoui dans le caveau de pierre. Les familles ont juré d'obtenir que justice soit enfin faite, après les vaines tentatives d'Athanassios. Car, ultime ironie des dieux, dans le massacre du palais de justice, quelqu'un s'en est sorti sans trop de maI. Enfoui sous les corps de ses deux avocats tués sur le coup, Dimitri, l'ivrogne, a été à peine égratigné.