Sur la frontière marocaine, tout se vend et tout s?achète, à telle enseigne que la liste des produits prisés par les contrebandiers ne fait que s?allonger? Un reportage réalisé sur les lieux sera publié en deux parties, aujourd?hui et demain. Fini le temps où seuls le gasoil, la semoule, l?huile et les vêtements étaient prisés par les contrebandiers des deux côtés de la frontière algéro-marocaine. La première question qui vient à l?esprit est de savoir pourquoi la liste des produits objets de contrebande s?est élargie de la sorte. Pour le commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de Tlemcen, Saci Kherbachi, tout est question de profits. En d?autres termes, tout produit à même de rapporter de l?argent peut faire l?objet de contrebande. Bien évidemment, les produits qui rapportent le plus sont le plus souvent au centre de ce trafic. C?est le cas notamment du gasoil. Vendu à 13,50 DA le litre dans les stations-service de Maghnia, il est très convoité par les Marocains. Et pour cause : au royaume alaouite, le litre de gasoil coûte pas moins de 7 dirhams, soit l?équivalent de 70 DA environ. Une telle différence de prix a poussé bien des habitants de la région frontalière de Maghnia à se spécialiser dans la contrebande de carburant. L?autre produit national qui intéresse tant les réseaux de contrebande est sans conteste le médicament. Avec ses prix nettement inférieurs à ceux pratiqués au Maroc, il est fortement demandé sur le marché de la contrebande. A titre d?exemple, Nifluril est vendu dans les officines marocaines à 18 dirhams, soit 180 DA environ, alors que dans les marchés informels de Oujda qui s?approvisionnent auprès des réseaux de contrebande, il est proposé à partir de 8 dirhams, l?équivalent de 80 DA. Les produits laitiers nationaux tels les fromages et les yaourts sont également très prisés par les contrebandiers pour leurs prix «forts intéressants». Selon certains témoignages, la boîte de 16 portions de marque La vache qui rit en provenance de notre pays se vend sur les marchés populaires marocains à 14 ou 15 dirhams. Le même produit, commercialisé légalement au Maroc, coûte un peu plus de 17 dirhams. Pour ce qui est des produits marocains introduits frauduleusement dans notre pays, il s?agit surtout de téléphones portables, de jeans, de baskets, de boissons alcoolisées, de fruits et de légumes. La qualité aussi n Régulièrement, les services de la Gendarmerie nationale mettent la main sur d?importantes quantités de farine de marque Safina, destinée au marché marocain. C?est que cette farine produite à Mostaganem s?est fait, de l?autre côté de la frontière, une réputation telle que les boulangers marocains la préfèrent aux farines produites localement. Au-delà de son prix «intéressant», c?est sa qualité qui fait d?elle un produit très prisé au Maroc.