Première étape n Six véhicules tout-terrains attendent. Les journalistes descendent, déambulent après une heure de trajet depuis Alger. Puis chacun prend place. Nabil, le chauffeur de la Nissan, nous souhaite la bienvenue. Le convoi démarre vers la steppe. Première étape : le village de Lazwache où se trouve une mare qui sert à l?irrigation et à l?abreuvement du cheptel. La région, connue pour ses accidents géologiques, reçoit peu de pluie. Les techniciens du Haut-Commissariat au développement de la steppe (Hcds) expliquent les techniques de récupération des eaux de surface, qui sont riches en mineraux. Les journalistes prennent des notes tout en jetant des regards furtifs sur des collines nues. Soudain, une course est engagée par un troupeau de moutons qui court vers la mare, révélant de fait toute son importance. «El-hamdou Lillah, depuis que cette mare existe, la vie reprend», déclare Hadj Zeina, le berger. Aux alentours, quelques hameaux accablés par la chaleur. Des gens, occupant nonchalamment des parcelles d?ombre, nous jettent un regard indifférent. Le convoi reprend le chemin, direction nulle part. La végétation manque. La température monte. Des étendues inexorablement vides. Le vent balaye le silence et s?exprime en poussière. Au loin, des hameaux indiquent une présence humaine. Des oueds à sec zigzaguent dans ce relief brun et accidenté. Au village Naïm, deux jeunes puisent l?eau d?un puits pour leurs bêtes ; l?un, sur un âne, tire la corde, l?autre prend le seau et en verse le contenu dans l?abreuvoir. L?opération se répète toute la journée. Quelques kilomètres plus loin, les autorités s?activent pour remettre en service le barrage de Kef Lasfer, abandonné depuis 1970. Alimenté par l?oued Wasil, il irrigue par épandage 12 000 hectares, le long de 16 km, au profit de 100 familles. Départ vers Bouiche, une commune située à la lisière du temps. Son maire, M. Benguelil, déclare : «C?est une APC très pauvre. Notre principale activité est l?agropastoralisme. 80% de la population est au chômage.» L?eau, dans cette région, est un facteur déterminant. 5 000 hectares sont protégés par le Hcds. Il est 14 h. La caravane s?arrête ; un pique-nique est improvisé. Les collègues se régalent. Djamal Soukhal, chef de département mise en valeur et génie pastoral au Hcds, enchaîne les blagues. «N'oubliez pas vos déchets, sinon M. Rahmani nous fera un procès», plaisante-t-il. Chacun ramassera de facto «les reliefs de son repas».