L?arrivée en masse de la main-d??uvre étrangère a, semble-t-il, pris l?Algérie par surprise. Même si notre pays est dans l?obligation de s?adapter à la mondialisation du marché de l?emploi, il doit, estiment les spécialistes, prendre des mesures urgentes pour la protection sociale du travailleur algérien. C?est une conséquence directe de la libéralisation du marché de l?emploi, mais aussi, selon les responsables, du besoin de l?Algérie en main-d??uvre qualifiée dans tous les domaines : bâtiment, services, administration, technologie, énergie? Mais malgré cette «invasion», notre pays reste relativement en retard en matière de recours à la main-d??uvre étrangère en comparaison avec nos voisins, selon les responsables intervenus dernièrement au forum d?El-Moudjahid. M. Annan, directeur de l?emploi au ministère de la Solidarité nationale, explique que si le marché de l?emploi enregistre annuellement 50 000 nouvelles demandes émanant de diplômés universitaires ? leur nombre est évalué à 430 000 nouveaux diplômés annuellement ?, il n?en demeure pas moins que la main-d??uvre qualifiée reste toujours «insuffisamment qualifiée» pour une autosatisfaction dans tous les domaines économiques, surtout celui des services qui sera le plus grand recruteur de main-d??uvre étrangère dans les années à venir. De son côté, Fares Zaïr, président de la commission du développement des ressources humaines au Conseil national économique et social (Cnes), a relevé que la régulation du marché de l'emploi consiste à identifier «précisément» les données de ce domaine (recrutement de main-d??uvre étrangère) et à ne pas se contenter uniquement d?un recrutement «sauvage» qui va certainement favoriser cette force de travail par rapport aux ressources humaines locales. «La libéralisation du marché de l?emploi ne consiste pas seulement à combler le vide du manque de qualification de la main-d??uvre locale, mais elle consiste d?abord à segmenter et à cloisonner cette main-d??uvre étrangère en identifiant celle qualifiée (vraiment) de celle non qualifiée», a-t-il expliqué. Cette mondialisation de la fluidité du monde du travail constitue bien évidemment, selon les mêmes responsables, un grand facteur de rentabilité et de développement, mais présente aussi un «danger» réel sur le plan social. Pour Sadek Ben Hadj Hocine, du Bureau international du travail (BIT) à Alger, «l?Algérie ne peut pas laisser jouer librement le marché du travail. Ce n?est pas seulement une question économique, mais aussi sociale», a-t-il défendu au forum d?El Moudjahid. Pour le représentant du BIT, l'Algérie doit donc élaborer des textes juridiques relatifs à la protection du travailleur algérien contre de telles mutations imposées par une mondialisation du marché de l?emploi.