Témoignage n Le Musée des Beaux-Arts a organisé, hier, une conférence à laquelle a pris part Nadjet Khadda, l?épouse du défunt. Diverses institutions culturelles ? Musée des Beaux-Arts, Bibliothèque nationale et l?Ecole supérieure des Beaux-Arts ? tiennent à commémorer, tout au long de ce mois de mai, le 15e anniversaire de la disparition de Mohamed Khadda, un plasticien, qui, selon les critiques, s?est révélé «l?une des consciences les plus claires, l?un des repères majeurs de la culture algérienne vivante». Pour la directrice du musée, Dalila M?hamed Orfali, l?important dans cet événement ce n?est pas la commémoration en elle-même de la disparition de l?artiste, c?est en fait «célébrer sa personnalité incontournable dans notre culture, c?est montrer, à travers le travail qu?il a fait, son apport à la culture algérienne, et notamment à l?art». Et d?ajouter : «Il est l?un des rares artistes algériens à figurer dans le dictionnaire universel des artistes Benezit.» Nadjet Khadda a, pour sa part, souligné qu'«il y a un consensus autour du fait que l'?uvre de Khadda est une grande ?uvre et qu?il a apporté beaucoup à l?art algérien», ajoutant que «si Mohamed Khadda nous a quittés trop tôt, c?est parce qu?il a tout donné». En effet, Mohamed Khadda a donné le meilleur de lui-même, puisque son ?uvre se voulait une réflexion sur l?art, une nouvelle manière de l?approcher, de l?interroger, créant ainsi une dynamique dans l?expression picturale. Mohamed Khadda, soucieux du renouveau et du coup réfutant le mimétisme, s?était inscrit dans la rupture : il avait rompu avec le conventionnel figuratif. L??uvre de Mohamed Khadda révèle la passion inexorable de l?homme pour l?art ; et sa vocation, il l?a trouvée en 1948, lorsqu?il a visité le Musée des Beaux-Arts. «Il a eu la conscience claire de sa vocation artistique en visitant, pour la première fois, le Musée des Beaux-Arts. C?est à ce moment-là qu?il a commencé à afficher de l?intérêt pour la peinture, et depuis il a commencé à s?initier à l?art», confie Nadjet Khadda. La peinture de Mohamed Khadda est un monde de représentation d?une présence figurative dans un espace abstrait , c?est-à-dire il crée, dans un monde abstrait un monde d?écriture. «Mohamed Khadda allait à partir de la lettre arabe», explique-t-elle, ajoutant que l?artiste s?opposait fermement à l?exploitation et l?utilisation abusive de l?alphabet arabe. Il était question, pour lui, de considérer la calligraphie ? Mohamed khadda se refuse d?être qualifié comme un calligraphe ? comme un signe ? le signe est l?élément de la composition spatial ? non pas par mimétisme qui risque de le systématiser et de l?enfermer dans une représentation identique et réductrice, mais comme un emblème de la non-figuration. Mohamed Khadda désarticulait, recréait la lettre, lui conférant ainsi une nouvelle poétique.