“Il avait l'obsession de l'olivier parce que, pour lui, l'olivier est l'élément emblématique du paysage maghrébin et méditerranéen. Il est aussi la représentation de la dignité parce qu'il résiste aux injures du temps et de la nature”, déclare Nadjet Khadda, à propos de l'œuvre de Mohamed Khadda, dans le cadre d'une conférence organisée hier matin à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. Disparu en 1991, Mohamed Khadda, né le 14 mars 1930, est un des fondateurs de la peinture contemporaine algérienne et représentant — par excellence — de ce que Sénac avait appelé “l'école du signe”. L'universitaire Nadjet Khadda a retracé le parcours de son époux et des différentes étapes de sa vie, dans une salle ornée de tableaux de l'artiste peintre, provenant de la collection familiale des Khadda. “Mohamed avait vingt ans dans les années 1950. Et dans le champ culturel algérien, ces années-là ont été décisives. Il y avait un bouillonnement et tous les mouvements étaient drainés par l'aspiration nationaliste”, affirme-t-elle. En quête de leur propre identité et d'une identité nationale, les artistes de l'époque, tous arts confondus, étaient mobilisés et concentraient tous leurs réflexions et autres efforts sur la question nationale. Car “le problème de ces artistes était celui de l'affirmation identitaire”. Hésitant entre l'écriture et la peinture, la visite au Musée des beaux-arts d'Alger, en 1947, va bouleverser la vie de Mohamed Khadda, qui optera définitivement pour la peinture. Il commencera par peindre la nature, dans une démarche totalement mimétique, avec son ami de toujours, Abdallah Benanteur, peintre de renom également. Ils partent en France en 1951, car la représentation de la nature ne leur suffit plus, d'autant que les œuvres de l'époque appartenaient soit au courant orientaliste ou relevaient de l'exotisme colonial. Ce qui ne convient plus à Mohamed Khadda, qui trouve à Paris, capitale de la peinture occidentale à l'époque, un nouveau champ d'expression. Il cessera définitivement de produire des œuvres figuratives car “la représentation réaliste devient trop étriquée pour lui”, et se mettra à la non-figuration. Il préférait non-figuration à abstrait, jugeant ce dernier concept comme étant radical. Nationaliste et militant, Mohamed Khadda — qui était d'ailleurs très influencé par les peintres Roger Bissière et Vieira Da Silva — était contre l'engagement dans l'art. “Il pensait que l'art pouvait se suffire à lui-même”, note Mme Khadda, qui a donné un aperçu sur l'itinéraire du grand peintre, même si, parfois, on préférerait connaître des informations qu'on ignore, notamment sur l'homme qu'il était. En outre, le directeur de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger a révélé qu'un certain nombre de journées commémoratives dédiées à un grand nombre de noms de la peinture algérienne, était dans le programme de l'école de l'année 2010.