Résumé de la 70e partie n L?eunuque ramène Daoul?makân jusque devant la tente de sa maîtresse Nôzhatou. Celle-ci le questionne puis lui demande de réciter un poème. Lorsque Daoul'makân eut fini de chanter ce poème sublime, Nôzhatou, qui l'avait écouté en extase, ne put plus se retenir et, soulevant fiévreusement la portière de la tente, elle pencha la tête au-dehors et regarda le chanteur, à la clarté de la lune. Et elle poussa un grand cri, car elle reconnut son frère. Et elle s'élança au-dehors, les bras tendus, en s'écriant : «O mon frère, ô Daoul'makân !» A cette vue, Daoul'makân regarda la jeune femme et il reconnut également sa s?ur Nôzhatou. Et ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre en s'embrassant, puis tombèrent tous deux évanouis. Lorsque l'eunuque eut vu cela, il fut à la limite de l'étonnement et tout à fait interloqué ; mais il se hâta de prendre dans la tente une grande couverture et l'étendit sur eux, en signe de respect et pour les mettre à l'abri contre les passants du hasard. Et il attendit, tout songeur, qu'ils fussent revenus de leur évanouissement. Bientôt, en effet, Nôzhatou se réveilla la première, puis Daoul'makân. Et Nôzhatou, dès cet instant, oublia toutes ses peines passées et elle fut au comble du bonheur, et elle récita ces strophes : «Tu avais juré, ô destin, que mes peines ne passeraient jamais. Et voici que je t'ai forcé à violer ton serment. Car mon bonheur est complet et l'ami est à mes côtés. Et toi-même, ô destin, tu seras l'esclave qui, relevant les pans de sa robe, nous servira.» En entendant cela, Daoul'makân serra sa s?ur contre sa poitrine, et les larmes de joie débordèrent de ses paupières, et il récita ces strophes : «Le bonheur en moi a pénétré et sa violence est telle que les pleurs jaillissent de mes yeux. O mes yeux ! Vous avez pris l'habitude des larmes ; vous pleuriez hier de chagrin et pleurez aujourd'hui de bonheur.» Alors Nôzhatou invita son frère à entrer avec elle sous la tente et lui dit : «O mon frère, raconte-moi à présent tout ce qui t'est arrivé pour qu'à mon tour je te raconte mon histoire !» Mais Daoul'makân lui dit : «Raconte-moi, toi la première, toute ton histoire !» Alors Nôzhatou narra à son frère tout ce qui lui était arrivé, sans omettre un détail. Il n'y a pas d'utilité à le répéter. Puis elle ajouta : «Quant à mon époux le chambellan, tout à l'heure je te le ferai connaître ; et il t'agréera, car c'est un très brave homme. Mais hâte-toi de me raconter tout ce qui t'est survenu depuis le jour où je t'ai laissé malade dans le khân de la Ville Sainte.» Alors Daoul'makân ne manqua pas de la satisfaire, et termina son histoire en lui disant : «Mais surtout, ô Nôzhatou, je ne saurai jamais assez te dire combien cet excellent chauffeur du hammam a été bon pour moi, car il a dépensé pour me soigner tout ce qu'il avait d'argent mis de côté, et il m'a servi nuit et jour, et il a agi à mon égard comme n'agit point un père ou un frère ou un ami très dévoué, et il a poussé le désintéressement jusqu'à se priver de nourriture pour m'en donner, et de son âne pour me faire monter dessus, alors que lui-même le conduisait en me soutenant ; et, en vérité, si je suis encore en vie, c'est à lui que je le dois !» (à suivre...)